Steve Lévy au centre.
Steve Lévy a rencontré hier après-midi quelques colatains, huit, ce qui parait peu mais cela a permis un échange approfondi sur son ouvrage, Mémoires cousues de silences. Je laisse la plume à deux d'entre eux. Personnellement j'ai appris il y a peu le décès d'une amie de ma
mère qui avait été cachée dans Flumet. Ma grand-mère avait caché la
cousine. Depuis, elles étaient restées très proches et fraternelles.
C'est pour cela que j'étais très émue hier. D'un point de vue
moins personnel j'ai été choquée d'apprendre qu'il y ait encore tant de
haine en France. La méchanceté humaine est triste. Aucun progrès en
vue. Et puis je n'avais jamais pensé à la difficulté d'être
descendant de ceux qui ont souffert de la guerre. On voit un peu
pourquoi les descendants d'immigrés, aussi, peuvent être mal à l'aise. On ressort bien triste de cette causerie...Et: à mon tour, volontiers, je partage mon "ressenti" à la suite de
la rencontre de Steve Lévy. Tout d'abord j'ai beaucoup apprécié la personnalité attachante et
engagée de Steve Lévy qui a passé sa vie à lutter contre la
ségrégation, le racisme et a essayé de comprendre pourquoi la
haine pouvait aujourd'hui encore habiter le cœur de certaines
personnes et surtout des jeunes à la dérive. Trois points ont retenu mon attention. Le premier est l'actualité de ce problème. Nous pensons souvent
que la Shoah appartient au passé et qu'aujourd'hui cela ne
pourrait plus exister. Pourtant Steve nous rappelle par ses
témoignages, et avec beaucoup de tristesse contenue que non : Il y
a aujourd'hui en France l'existence d'un antisémitisme qui ne se
cache plus et s'étend à d'autres communautés. Le second point est que, qu'à l'intérieur du judaïsme, comme au
sein de l'Islam aussi bien qu'au sein de l'église catholique, il y
a des extrémismes tout aussi violents entre ceux qui défendent une
orthodoxie extrême et ceux qui défendent une culture pacifiste et
respectueuse des autres. C'est également vrai pour l'athéisme. Ceci pose la question du pourquoi, et c'est le troisième point.
Bien sûr, si l'on regarde certaines personnes et entendons
certains discours qui banalisent la violence et font l'éloge de
l'irrespect, on comprend qu'une partie fragile de la société
s'imprègne de cette violence. mais sur cette question, Steve Lévy
a apporté un éclairage très fort. En effet, ses talents
pédagogiques lui ont permis pendant deux ans de travailler dans le
milieu carcéral auprès de jeunes qui ont perdu tout repère et qui
s'enorgueillissent presque de faire un "stage" en prison. Steve
Lévy a témoigné de ses rencontres et parfois de ses inimaginables
réussites à avoir pu créer un pont, entrer en dialogue, toucher la
main, redonner confiance à des jeunes qui sont souvent maltraités
par certains de leurs geôliers qui parlent d'eux en des termes
affreux que ne peux rappeler. En écoutant Steve parler de ces
jeunes, je n'ai pu n’empêcher de penser que ces jeunes aussi
condamnables soient-il vivaient eux aussi une détention
déshumanisante. Que faire ? Cet entretien avec Steve a été très percutant et n'a laissé
personne indifférent parmi les personnes présentes au Savoy. En
tout cas je lève mon chapeau à celui qui a su avec beaucoup de
tendresse, de tact mais aussi sans concession parler de sa mère
qui a terriblement souffert de la chasse des juifs et évoqué bien
sûr le combat de cette immense femme qu'a été Simone Veil et qui
vient de nous quitter. Je terminerai en reprenant cette phrase éloquente de Steve Lévy :
"Dans le ventre il ne peut y avoir que deux choses : la peur et la
faim".
LE MONDE EST DE PLUS EN PLUS COMPLIQUÉ A COMPRENDRE ,QU'EN SERA-T-IL QUAND NOUS SERONS 10 MILLIARDS ? C'EST BIENTÔT.
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