Jean-Marie Bulle
Par Anthony Levrot, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49203383
A quelques jours des commémorations du 8-Mai, j'entreprends un travail délicat, reconstituer le texte que Jean-Marie Bulle avait dédié à ses compagnons de combat. Yvon Mollier, de Notre-Dame-de-Bellecombe, était l'un d'eux. Sa nièce Denise Mollier m'a offert, il y a quelques années, l'exemplaire qu'elle détenait de son oncle. L'objet a beaucoup souffert, la quasi totalité des pages sont coupées en deux ou plus dans le sens de la largeur mais comme on dit les morceaux sont entiers et je ne désespère pas de rétablir ce teste dont vous imaginez la valeur. Pour le publier sur ce blog, il me faudra l'accord, que je vais solliciter, des ayant-droits du héros de la Résistance.
Yvon Mollier.
Page 1
A notre camarade de Castex.
C'est à toi, cher de Castex, que sont dus les souvenirs de la section d'éclaireurs du 80.
D'abord, tu la commandas au cours de l'hiver et ta bonté avait touché le cœur des éclaireurs : ils te connaissaient bien et ils t'aimaient.
Dans les semaines qui précédèrent notre courte guerre, tu fus sans cesse notre voisin, à Roselend, puis aux Chappieux. Enfin, nous te retrouvions à Bellaval où tu avais à défendre une position difficile.
C'est à l'abri de tes fusils mitrailleurs que nous vînmes au repos lors de notre repli du col de la Seigne. A l'aube du 18 juin, alors que nous venions de rompre le contact avec l'ennemi, tu nous attendais au Chalet des Tufs, voulant nous dire ta joie de nous revoir.
Le 21 au soir, il fallut nous séparer car nos missions nous fixaient des champs d'actions différends. Ce fut, la rage au cœur, que nous avons assisté, impuissants à l'encerclement de ton point d'appui ; hélas ! Nous étions trop loin pour te porter secours.
Pour nous tous, tes camarades, pour tous les éclaireurs, l'annonce de ton sacrifice nous fit une peine immense ; du moins es-tu tombé en véritable Français, face à l'ennemi qui n'a pas fait trembler ta main. Gloire à ton courage et à ta froide résolution. Pour ceux qui te connaissaient, il ne pouvait en être autrement car tu fus toujours le modèle du devoir.
Ton image restera à jamais vivante parmi nous. Ce lambeau de terrain arrosé de ton sang et de celui de tes compagnons d'armes est désormais sacré et nous y raviveront chaque année, dans nos pèlerinages, la flamme du souvenir.
Ton sacrifice, Cher de Castex, ne sera pas vain !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous pouvez laisser un message anonyme, il vous suffit de cocher la dernière case de la liste ci-dessous. Les messages offensants seront supprimés.