Embuscade de Bornéry.
Ce soir, une cérémonie officielle réunira autour de la stèle de Bornery, commune de Tournon, en Savoie, élus de cette commune et de celle d'Ugine, associations patriotiques et familles des trois Uginois tués lors des combats du 14 août 1944, Pierre Henry, Julien Eitenschenk et Gilbert Mollier-Carroz, ce dernier oncle de mon épouse. Vous trouverez ci-dessous la relation de ces faits par Romain Ploton, aumônier de la Résistance dans son ouvrage, Quatre années de Résistance à Albertville, paru en 1946.
Deux sections, parties d'Ugine par le col de Tamié, sous le commandement du lieutenant Buchet, s'installent, à l'aube du 14 août, à proximité du passage à niveau de Bornery, sur une butte en bordure de la route de Chambéry, et creusent hâtivement des emplacements de tir au FM et de voltigeurs.
Bientôt, le dispositif est en place et les guetteurs fouillent à la jumelle le long ruban de route qui serpente à travers la vallée.
Les heures s'étirent interminables.
A 13 heures 15, alors que le ravitaillement vient d'arriver, branle-bas de combat.
Au loin, sous le soleil qui brille, des glaces étincellent.
C'est un convoi allemand.
Enfin, les voilà ! Tel est le cri qui jaillit de toutes les lèvres.
Chaque tireur attend, le doigt sur la gâchette, le moment d'ouvrir le feu.
Le bruit des moteurs, d'abord imperceptible, va rapidement croissant.
Quelques secondent passent. Tout est prêt.
Tapis dans l'herbe, derrière un rocher ou à l'abri d'un tronc d'arbre, les hommes se dissimulent, les yeux fixés sur leur chef qui, d'un geste, doit donner l'ordre de déclencher le tir.
Plus que 100 mètres !
Le convoi arrive à la hauteur des sections.
Au commandement, tous les onze FM se mettent subitement à cracher en rafales de mort, accompagnés par les claquements de cinquante fusils.
Affolés, les Allemands roulent à terre, en sautant des véhicules en marche, dans un désordre effrayant de corps qui s'enchevêtrent, se cramponnent les uns aux autres et se crispent sous la morsure des balles.
Des soldats sont piétinés par leurs camarades aux lourdes bottes qui les écrasent.
La fusillade est terrible !
Les balles traçantes arrosent les camions d'étincelles meurtrières.
Dans un car, dont la porte s'est trouvée coincée sous la ruée, ce sont des hurlements affreux des blessés, fauchés par les FM comme des épis sous la faucille.
Effroyable hécatombe !
Mais voici que, soudain, l'ennemi alerté arrive d'Albertville en toute hâte et arrose de ses canons et de ses mitrailleuses nos positions.
Cette riposte inattendue qui, par son action soudaine et brutale, fait parmi les nôtres trois morts et sept blessés, oblige les FFI à décrocher.
Ils se replient jusqu'au col de Tamié qu'ils défendent solidement.
Les Allemands n’insistent pas et redescendent sur la route nationale ramasser leurs quarante cadavres et quinze blessés graves qui, transportés à l'hôpital d'Albertville, mourront les jours suivants.
In, Quatre années de Résistance à Albertville, Abbé Romain Ploton. 1946.
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