Je tire des archives de l'Echolatain ce billet d'humeur qui me semble être à nouveau d'actualité! Depuis le début de l'hiver notre
clocher a changé de voix. La cloche Marie-Nicolarde a passé le relais à
sa voisine Jeanne-Angélique. Pour respecter la quiétude nocturne des
hôtes du village, le conseil municipal a en effet décidé, après débats
et consultations, de mettre à la retraite anticipée l'horloge installée
en 1946, par souscription publique et inaugurée par Eugène
Burnet-Fauché, maire et Rémi Bévillard, curé. Cette mécanique
jurassienne ODOBEY, mise en place par François Mongellaz, horloger à
Flumet et qui ne savait pas se taire la nuit* s'est effacée devant
Harmony, une petite merveille électronique, informatique, radio-pilotée
et tout et tout. Dès à présent elle sonne les heures et les demi-heures,
nous gratifie de l'Angélus aux heures voulues, fait silence quand nous
sommes sensés dormir et a dans son sac bien d'autres savoirs que nous
découvrirons au fil des années.
Le peintre Pierre Bichet**
qui a passé ses premières vacances d'hiver, hors de son Jura natal, à
Saint Nicolas la Chapelle, confie qu'il a découvert en peignant que la
neige n'est pas blanche. La neige est riche de tous les reflets de son
environnement, le bleu du ciel, le vert des sapins et épicéas, l'or du
soleil, le gris des nuages et bien d'autres nuances de la palette des
couleurs. Tout pareillement, le silence de nos campagnes est fait de
mille murmures et sons. Allons nous faire taire le bruissement du vent
dans les arbres, les sonnailles de nos troupeaux, le chant du coq trop
matinal, le concert des oiseaux, la musique du ruisseau? Mais
rassurons-nous, il restera toujours la mélodie des pétrolettes, dépotées
et débridées, elle est le quotidien des oreilles urbaines , les rurales
vont s'y habituer!
* Je parle de la mécanique!
** En recherchant des images de ses œuvres sur la toile j'ai appris son
décès qui remonte au 18 février de cette année2008, à ma connaissance, pas
une seule ligne n'est parue dans la presse. Je lui dédie ce billet
d'humeur et aujourd'hui je le dédie également aux habitants de Boissettes en Seine et Marne. Ce billet est paru dans l'Echolatain en 2008 mais je l'avais écrit bien avant pour le Dauphiné libéré et c'est durant le mandat de Christian Contamin que le silence nocturne fut imposé aux cloches par une délibération du conseil municipal que j'ai approuvée lors du vote. Aujourd'hui, à Boissettes, si nous lisons bien les décisions du tribunal, il s'agit de toute autre chose! Je précise que l'horloge installée en 1946 venait en remplacement de celle d'origine qui datait de 1852 ou 1853. Je m'excuse d’alourdir ce texte si poétique par des détails chronologiques!
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