" Nous voici au milieu de juillet. La canicule astronomique débute ; mais
en réalité la saison torride a marché plus vite que le calendrier, et
depuis quelques semaines la température est accablante. On célèbre ce soir, au village, la fête nationale. Tandis que la
gaminaille gambade autour d'un feu de joie dont j'entrevois la
réverbération sur le clocher de l'église et que le tambour solennise de
quelques fla-fla l'ascension de chaque
fusée, solitaire en un coin obscur, dans la fraîcheur relative des neuf
heures, j'écoute le concert de la fête des champs, de la fête des
moissons, bien supérieure en majesté à celle que célèbrent en ce moment,
sur la place du village, la poudre, les fagots allumés, les lanternes
de papier et surtout le rogomme. C'est simple comme le beau, c'est calme
comme le puissant.....Plongeons plus avant dans l'avenir. Un jour viendra, tout semble le
dire, où, de progrès en progrès, l'homme succombera, tué par l'excès de
ce qu'il appelle la civilisation. Trop ardent à faire le dieu, il ne
peut espérer la placide longévité de la bête ; il aura disparu alors que
le petit Crapaud dira toujours sa litanie, en compagnie de la
Sauterelle, du Scops et des autres. Ils chantaient avant nous sur la
planète ; ils chanteront après nous, célébrant l'immuable, la gloire
torride du soleil."
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