Arrivées à Lyon en novembre dernier, deux familles irakiennes, l'une musulmane et l'autre catholique, ont été accueillies ce weekend dernier à La-Giettaz pour un court séjour à la neige. Cela a été aussi l'occasion, samedi 11 mars, d'une rencontre, à Flumet, avec de nombreuses personnes ayant répondu à l'appel des communautés catholiques du Val d'Arly. Après la présentation de cette action par Marie-Françoise Bouchex, la soirée a débutée par le partage du bol oriental et de ses accompagnements puis s'est poursuivie par la projection de quelques documents sur l'Irak et les régions dont sont originaires les deux familles de migrants, Mossoul et Karakoch, images souvent fortes de leur douloureuse situation Grâce à la présence du Père Ayoub, prêtre libanais de rite melkite, qui a assuré la traduction, une discussion a pu s'engager et bien des points abordés, la situation dans leur pays, leur propre histoire, l'accueil reçu en France et comment il envisageaient l'avenir. Plusieurs membres du " comité accueil migrant " de Lyon étaient présents et l'un d'eux, Jean André, a conclu la soirée en témoignant de leur vécu auprès des migrants qu'ils accompagnent de multiples façons. Ces quelques heures passées ensemble ont permis de mettre des visages, des parents, des enfants, sur le mot, migrants, et peut-être changé notre regard sur eux et levé quelques appréhensions et à priori.
IRAK
LA-BAS… IRAK ICI !
Texte de Marie-Françoise Bouchex.
Invitées
en week-end à la neige suite à l’opération lancée à Noël à
La Giettaz « UN TOIT POUR EUX », « deux petites familles
irakiennes arrivées sur Lyon en novembre ont pu donner le témoignage
de leurs épreuves et leurs espérances. Du Val d’Arly et au-delà,
ce sont plus de cinquante personnes qui les ont entourées à la
salle du centre Social de Flumet ce samedi 11 mars à FLUMET, à
l’invitation des communautés paroissiales du Pôle Val d’Arly.
Une
soirée toute en sympathie, une cordialité au-delà des frontières
géographiques et de la langue, une chaleur humaine aussi bonne que
le repas « bol oriental » partagé : une soupe
irakienne aux lentilles corail parfumée au cumin, accompagnée de
kebbés ( galettes de boulghour farcies de viande hachée), et
taboulé libanais cuisiné par Ayoub, prêtre libanais, officiant
comme traducteur. Cette information de proximité inédite en direct
a concrétisé derrière des visages, l’actualité lointaine
rapportée par nos médias.
Projetée
sur écran, la carte géographique a mieux situé les faits tragiques
sur le terrain et les prises-de-vue « avant »
et « après » ont transmis le désastre laissé
après le passage de Daech à Karakoch comme à Mossoul. « Elle
fut déchirante ! la détermination à quitter le pays, qui
s’est imposée d’elle-même à un moment donné, en pleine
nuit », a voulu expliquer Qusey ( prononcer KOUSSAILLE en
syriaque). L’abandon de l’armée irakienne qui a laissé champ
libre à l’horreur terroriste : vécue comme une traîtrise !
Le front déterminé, des yeux et un visage imprégnés du drame de
son pays et de tout ce qu’il a du abandonner sur place (
l’habitation familiale détruite, le fruit de son travail rayé de
la carte etc…), avec en mains son téléphone portable porteur de
toutes ces images précieuses et douloureuses, le jeune père de
famille catholique est encore « là-bas » mais il est
bien « ici » aussi. La France vient de confirmer son
statut de réfugié à sa famille, et aux côtés de Rania avec leur
petit Onel, c’est bien en France qu’ils vont repartir à zéro.
(A noter au passage que le coût administratif d‘un tel dossier de
demande est de 591€ par adulte.)
Zahiab,
quant à elle, jeune femme musulmane, dont le mari est resté retenu
en Irak, répond avec détermination à la question « Est-ce
une guerre de religion ? » - Pas du tout, nous vivions
très bien ensemble, musulmans et chrétiens. Je suis moi-même
sunnite… Daech est un
groupe ultra-radical sunnite. Rien à voir pourtant avec notre
religion musulmane ». De quoi nous aider à sortir des
amalgames !
Zara et Janna, leurs
deux fillettes brunes et pleines de vie, parlent déjà français en
quatre mois d’école. Employée administrative, Zahiab travailla
encore en exil à Erbil après avoir, comme des milliers de ses
compatriotes,fui de Mossoul dévasté vers le Kurdistan Irakien. Ces
deux familles s’y réfugièrent deux années. Et c’est dans le
cadre du parrainage entre le diocèse de Lyon et celui de Mossoul,
qu’une opportunité se présenta à eux qui ne se connaissaient pas
jusque là. Une échappée vers l’inconnu, une chance offerte avec
l’accueil d’un comité de soutien de Limonest dans les Monts
d’Or. Avec l’encouragement du maire, ce comité a réuni quelques
seniors bénévoles, deux paroisses voisines partie-prenantes, le
Comité de parrainage, le Prado qui a offert les hébergements remis
en état par la Commune, l’Association St Vincent de Paul ( à qui
sera d’ailleurs destiné le produit non négligeable de cette
soirée- repas soit 800€). A eux tous, ils sont complémentaires :
les papis mamies emmènent les petites à l’école, et sont là
tels des anges gardiens pour remplacer la génération précédente
restée dans son Irak natal envers et contre tout, d’autres
initient au français, sont là discrets et efficaces, aidant aux
lourdes démarches administratives ou aux déplacements jusqu’à
Paris parfois. Il n’en faut pas moins pour une reconstruction. Et,
comme le souligne Florence, coordinatrice déléguée par la mairie
« Dans cette dynamique d’accueil des réfugiés, il est
important de considérer que, au cœur même de leurs appartenances
religieuses, ils arrivent sur UN TERRITOIRE, et qu’à ce titre, les
communes représentent le trait-d’union entre toutes les volontés
convergentes. » Comme on aimerait que cette démarche de
Limonest fasse école, dans le Rhône et ailleurs ! Et pourquoi
pas en Savoie, pour des accueils de vacances et une complémentarité
entre ville et montagne ?
L'une des deux familles.
Le père Ayoub, prêtre libanais de rite melkite.
Marie-Françoise Bouchex et les deux familles irakiennes.
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