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lundi 25 avril 2011
Le printemps dit toujours beaucoup de choses, comme le veut la tradition populaire. Mais, pour ce qui est de la Saint-Marc, le 25 avril, vous pouvez être sûrs que les hirondelles ne manqueront pas à l’appel. Le 23 ou le 24 elles enverront une patrouille de reconnaissance pour voir si tout est en ordre ; elles viendront à trois, voleront autour du clocher et au-dessus de la maison au toit de tuiles romaines, celle que la guerre a épargnée, et le soir même elles retourneront vers la plaine où se trouvent les châteaux et les anciennes murailles, où leurs compagnes les attendent. Le 25, elles reviendront là où elles sont nées : les trois premières avec un gros détachement, et à l’heure du crépuscule elles exécuteront inlassablement leur jeu ultra-rapide : en effleurant le toit des maisons si la pression atmosphérique est basse, ou au contraire au-dessus du clocher et de la coupole, dans le ciel profond, si elle est haute. Voici comment jouent les hirondelles : un groupe en poursuit un autre et quand un martinet du groupe poursuivi, se détachant des autres et faisant un brusque virage, réussit à couper l’espace entre les deux groupes, les parties s’inversent ; les poursuivants deviennent les poursuivis. Dans mon enfance, je m’installais sur un toit pour les observer et ensuite nous faisions le même jeu sur la route (comme ç’aurait été beau de le faire dans le ciel) et on appelait ça jouer à coupe ! Mais le matin du 25 avril, on entendra toujours au-dessus des trilles de l’alouette et des flûtes de la vendangette l’appel qui réveillera définitivement le bois : le chant du coucou. Et jusqu’aux chevreuils, paissant derrière le hameau, qui se réjouiront. En avril 1945, j’étais dans un Lager et j’avais entendu le coucou chanter dans les bois de Gratz ; ensuite, dans les décombres d'un bombardement, un vieux habillé en chasseur m’avait murmuré : ― N'attends personne, mon ami. Rentre chez toi ! File ! C’est aussi pour cela que chaque année j’attends impatiemment le chant du coucou qui, ce jour lointain, aura sans doute également réjoui mes camarades de jeu et d’école devenus partisans, attendant le signal dans le Bois-Noir. Bref, à chaque printemps, les hirondelles pour mon enfance heureuse et le coucou pour le jour de l’espoir sont pour moi des signes de toujours. En effet, si nous n’avons pas d’espérance, à quoi bon vivre ? Alors aujourd’hui où l’air s'est enfin adouci et où la lune est bonne, j’ai mis dans la terre en amour les premières semences de légumes et j'ai sorti mes pots de géranium. À l’heure la plus chaude, j'ai discrètement rendu visite aux maisons des abeilles [...] Ce jour-là, les abeilles étaient tranquilles mais actives. Les diligentes reines, suivies d’un petit groupe de servantes qui tentaient de les soustraire à mes regards, déposaient leurs œufs dans des cellules bien nettoyées ; d’autres œufs étaient en voie de développement et, sur les rayons les plus centraux, les larves étaient en train de se transformer en nymphes et en abeilles. Les couvées étaient toutes féminines, bien distribuées, et il n’y avait pas encore de cellules avec des faux-bourdons. Il n’y avait pas non plus de parasites, et le plancher des ruches semblait bien sec ; des restes de cire et des fragments d’opercules avaient été accumulés dans les angles situés au sud-ouest : le premier jour de chaleur, je ferai le ménage. Bref, tout cela voulait dire qu'elles avaient été bien protégées pendant l’hiver et que, même s’il avait été dur et long, elles l’avaient bien supporté. Maintenant que les chatons des saules, de bouleau et de noisetier sont d’abondants producteurs de pollens et les bruyères de nectar, il n’y a pas de problème ; la blancheur sur le vert nouveau des prés ne vient pas de la neige mais de la floraison des crocus. [...] Ainsi, chez nous, le printemps est arrivé, et paraphrasant Anna Achmatova j’ai envie de dire : Le vent pur berce les sapins, je ne sens plus le froid de l'hiver la neige pure recouvre les montagnes ma terre se réveille.

Mario Rigoni Stern, Hommes, bois, abeilles, La fosse aux ours, 2001, pp. 76-77-78-79. Traduit de l’italien par Monique Baccelli.

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