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dimanche 27 octobre 2013
Bonjour,
Comme moi sans doute, vous avez appris cette excellente nouvelle, preuve de l’ouverture du gouvernement actuel. En effet, dans le respect de la laïcité, le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur se sont rendus à la Mosquée de Paris, pour une célébration de la fête de l’Aïd.
Ainsi que vous le savez, l’Aïd est l’une des grandes fêtes de la religion musulmane. Elle est célébrée le dixième jour du dernier mois du calendrier islamique, en souvenir du sacrifice d’Abraham, et elle coïncide avec le pèlerinage à La Mecque.
Le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur ont donc participé à une célébration de la fête de l’Aïd à la Mosquée de Paris en présence de mon ami Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée et président du Conseil français du culte musulman. Le maire de Paris était également présent. 
Je ne peux que me réjouir de cette visite à nos frères musulmans ainsi que des propos tenus par le Premier ministre à cette occasion. Car ce qu’il a dit en s’adressant aux musulmans, il le dirait sans doute, en tout cas je l’espère, de la même manière en s’adressant aux chrétiens, je le cite :
« À travers vous, je salue une grande religion de France. Je mesure la place qui est la sienne dans notre pays et dans notre histoire. […] J’entends la parole que vous portez pour rassembler les femmes et les hommes autour d’un message de paix et de concorde, dans le cadre de la République, et en accord avec ses principes et ses valeurs. […] Je vous le redis avec force: toute atteinte au libre exercice du culte est intolérable, et toutes les croyances religieuses doivent pouvoir s’exprimer dans notre pays dans le respect des lois de la République, de la laïcité et des convictions de chacun. » (Fin de citation)
Et Monsieur le Ministre d’assurer les musulmans de la « détermination » du gouvernement à combattre les « discriminations » et à défendre « la liberté de conscience et le libre exercice des cultes, qui comptent parmi les fondements de notre Nation. »
Alors, Monsieur le ministre, dans la logique de votre démarche, je suppose que vous avez prévu d’exprimer avec autant de force et de conviction la détermination de votre gouvernement à combattre la discrimination dont les chrétiens font l’objet. Et c’est pour cela que j’ai l’outrecuidance de vous inviter chez vous, dans la cathédrale de Gap – les cathédrales étant propriété de l’Etat –, pour le Mercredi des Cendres, début de Carême, ou pour le dimanche de Pâques, à votre convenance. Nous vous accueillerons avec tout le respect qui est dû à votre haute fonction.
À bientôt…


Pour l'horaire de la messe de Toussaint célébrée à St Nicolas la Chapelle, je pense qu'il faut retenir: 9 h 30.




« Qui s'approche d'elle avec méfiance ne croit voir que des portes closes, des barrières et des guichets, une espèce de gendarmerie spirituelle. Mais notre Eglise est l’Église des saints. Pour être un saint, quel évêque ne donnerait son anneau, sa mitre, sa crosse, quel cardinal sa pourpre, quel pontife sa robe blanche, ses camériers, ses suisses et tout son temporel ? Qui ne voudrait avoir la force de courir cette admirable aventure ?Car la sainteté est une aventure, c'est même la seule aventure. Qui l'a une fois compris est entré au cour de la foi catholique, a senti tressaillir dans sa chair mortelle une autre terreur que celle de la mort, une espérance surhumaine. Notre Eglise est l’Église des saints. Mais qui se met en peine des saints ? On voudrait qu'ils fussent des vieillards pleins d'expérience et de politique, et la plupart sont des enfants. Or l'enfance est seule contre tous. Les malins haussent les épaules, sourient : quel saint eut beaucoup à se louer des gens d’Église ? Hé ! Que font ici les gens d'Eglise ! Pourquoi veut-on qu'ait accès aux plus héroïques des hommes tel ou tel qui s'assure que le royaume du ciel s'emporte comme un siège à l'Académie, en ménageant tout le monde ? Dieu n'a pas fait l’Église pour la prospérité des saints, mais pour qu'elle transmît leur mémoire, pour que ne fût pas perdu, avec le divin miracle, un torrent d'honneur et de poésie. Qu'une autre Eglise montre ses saints ! La nôtre est l’Église des saints. A qui donneriez-vous à garder ce troupeau d'anges ? La seule histoire, avec sa méthode sommaire, son réalisme étroit et dur, les eût brisés. Notre tradition catholique les emporte, sans les blesser, dans son rythme universel, saint Benoît avec son corbeau, saint François avec sa mandore et ses vers provençaux,  Jeanne avec son épée, Vincent avec sa pauvre soutane, et la dernière venue, si étrange, si secrète, suppliciée par les entrepreneurs et les simoniaques,avec son incompréhensible sourire, sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, souhaiterait-on qu'ils eussent tous été, de leur vivant, mis en châsse ? assaillis d'épithètes ampoulées, salués à genoux, encensés ? De telles gentillesses sont bonnes pour les chanoines. Ils vécurent, ils souffrirent comme nous. Ils furent tentés comme nous. Ils eurent leur pleine charge et plus d'un, sans la lâcher, se coucha dessous pour mourir. Quiconque n'ose encore retenir de leur exemple la part sacrée, la part divine, y trouvera du moins la leçon de l'héroïsme et de l'honneur. Mais qui ne rougirait de s'arrêter si tôt, de les laisser poursuivre seuls leur route immense ? Qui voudrait perdre sa vie à ruminer le problème du mal plutôt que de se jeter en avant ? Qui refusera de libérer la terre ? Notre Église   est l’Église des saints. Tout ce grand appareil de sagesse, de force, de souple discipline, de magnificence et de majesté n'est rien de lui-même, si la charité ne l'anime. Mais la médiocrité n'y cherche qu'une assurance solide contre les risques du divin. Qu'importe ! Le moindre petit garçon de nos catéchismes sait que la bénédiction de tous les homme d'Eglise ensemble n'apportera jamais la paix qu'aux âmes déjà prêtes à la recevoir, aux âmes de bonne volonté. Aucun rite ne dispense d'aimer. Notre Église est l’Église des saints. Nulle part ailleurs on ne voudrait imaginer seulement telle aventure, et si humaine, d'une petite héroïne qui passe un jour tranquillement du bûcher de l'inquisiteur en Paradis, au nez de cent cinquante théologiens. « Si nous sommes arrivés à ce point, écrivaient au pape les juges de Jeanne, que les devineresses vaticinant faussement au nom de Dieu, comme certaine femelle prise dans les limites du diocèse de Beauvais, soient mieux accueillies par la légèreté populaire que les pasteurs et les docteurs, c'en est fait, la religion va périr, la foi s'écroule, l’Église   est foulée aux pieds, l'iniquité de Satan dominera le monde !...» et voilà qu'un peu moins de cinq cents ans plus tard l'effigie de la devineresse est exposée à Saint-Pierre de Rome, il est vrai peinte en guerrière, sans tabard ni robe fendue !, et à cent pieds au-dessous d'elle, Jeanne aura pu voir un minuscule homme blanc, prosterné, qui était le pape lui-même.

 

Notre Église est l’Église des saints. Du Pontife au gentil clergeon qui boit le vin des burettes, chacun sait qu'on ne trouve au calendrier qu'un très petit nombre d'abbés oratoires et de prélats diplomates. Seul peut en douter tel ou tel bonhomme bien pensant, à gros ventre et à chaîne d'or, qui trouve que les saints courent trop vite, et souhaiterait d'entrer au paradis à petits pas, comme au banc d'ouvre, avec le curé son compère. Notre Église est l’Église des saints. Nous respectons les services d'intendance, la prévôté, les majors et les cartographes, mais notre cour est avec les gens de l'avant, notre cour est avec ceux qui se font tuer. Nul d'entre nous portant sa charge, (patrie, métier, famille), avec nos pauvres visages creusés par l'angoisse, nos mains dures, l'énorme ennui de la vie quotidienne, du pain de chaque jour à défendre, et l'honneur de nos maisons, nul d'entre nous n'aura jamais assez de théologie pour devenir seulement chanoine. Mais nous en savons assez pour devenir des saints. Que d'autres administrent en paix le royaume de Dieu ! Nous avons déjà trop à faire d'arracher chaque heure du jour, une par une, à grand-peine, chaque heure de l'interminable jour, jusqu'à l'heure attendue, l'heure unique où Dieu daignera souffler sur sa créature exténuée, Ô Mort si fraîche, ô seul matin ! Que d'autres prennent soin du spirituel, argumentent, légifèrent : nous tenons le temporel à pleines mains, nous tenons à pleines mains le royaume temporel de Dieu. Nous tenons l'héritage des saints. Car depuis que furent bénis avec nous la vigne et le blé, la pierre de nos seuils, le toit où nichent les colombes, nos pauvres lits pleins de songe et d'oubli, la route où grincent les chars, nos garçons au rire dur et nos filles qui pleurent au bord de la fontaine, depuis que Dieu lui-même nous visita, est-il rien en ce monde que nos saints n'aient dû reprendre, est-il rien qu'ils ne puissent donner ? ».

 
Georges Bernanos - ‘’Jeanne relapse et sainte‘

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