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samedi 13 décembre 2014


« SIGMARINGEN »
De Pierre ASSOULINE
Edition Roman Gallimard


Quand on évoque la ville allemande « Sigmaringen » de l’état de Bade-Wurtemberg, la mémoire immédiate recouvre l’accueil en août 44 du gouvernement de Vichy aux abois, à l’aune de la chute du 3ème Reich. Collabos de tous poils, intellectuels, écrivains, miliciens, quelques deux milles civils, accompagnent ou escortent les responsables politiques pétainistes en fuite à Sigmaringen et précisément au château de la lignée des princes de Hohenzollern.Ils sont en quarantaine dorée plus qu’en villégiature touristique d’aout 44 à avril 45 pour – comme l’écrivait Céline – « un plateau de condamnés à mort ».

Pierre Assouline démarre son roman par la voix du majordome du Château de Sigmaringen, Julius Stein. Fin francophile, subtil intellectuel, Julius Stein rend compte de l’accueil et de la vie de ce cortège de politiciens du Gouvernement de Vichy en fuite à Sigmaringen, au château. En tête le Maréchal Pétain et Madame, le Président Laval et Madame, leurs ministres, parfois leurs familles au château parfois en ville à Sigmaringen, puis la cohorte d’intellectuels collaborationnistes, opportunistes de la vie Parisienne parmi lesquels… un certain Louis-Ferdinand Céline.

En charge de l’organisation générale du château, Julius met à disposition ce patrimoine et son savoir-faire dans l’art de servir  ces nouveaux arrivants. Il gère une équipe de serveurs allemands et français appuyée par Jeanne Wolfermann, intendante du Maréchal Pétain. Malgré la singularité de la situation, Stein use de la rigueur de son métier où rien n’apparait, rien ne dépasse, plutôt la satisfaction du devoir accompli dissimule son intérêt pour les tractations Ubuesques plus que kafkaïennes de ce gouvernement fantoche. Quel gouvernement du reste ? Un gouvernement sans légitimité, sans pays, en déliquescence,propre à fantasmer sur la résurrection du Reich dans l’obscure vision d’Hitler qu’une division d’invincibles Teutons ou d’une arme secrète viendrait terrasser les alliés et assurer son retour. Mais rien ne viendra, juste l’heure d’assumer sa responsabilité.



En attendant, le Majordome nourrit sa vie extérieure de la petite tragédie de fin de règne à la fois shakespearienne et satirique, emprunte des rivalités entre ministres, de la haine réciproque entre Pétain et Laval, de la paranoïa d’aristocrates prête aux moindres trahisons. Stein témoigne du désespoir et de la démesure de l’absurde. Il peint un tableau cynique de l’état de délabrement d’une cour de récréation plutôt qu’un groupe éveillant une Révolte d’où son chef, Pétain, détaché de tout, entretien sa sénilité.

L’aberrant de la situation, son burlesque et son irrationnelle, donnent au majordome les raisons d’ouvrir les yeux sur les conséquences du nazisme en Europe et attisent son regard critique sur son pays qu’il pensait, en réalité, loin du drame humain que le nationalisme incita. Considérablement perturbée, sa vie intérieure baignée dans l’aristocratie des Hohenzollern, va être en proie à la culpabilité de s’être contraint à un tel régime.

Pierre Assouline mesure avec esprit et éloquence, les réflexions de Julius Stein qui déplore l’adhésion aveugle à l’idéologie annihilant toutes formes de pensées, de critiques jusqu’à l’impensable. Se retrancher sur soi-même incarcère l’évolution de nos valeurs ; les dépasser parfois au de-là de tout principe, de toute fonction donne des clés pour comprendre et accepter autrui. Après le désastre de la guerre, tout reste à faire selon l’auteur dans une réunification longue et compliquée  entre les peuples ; vertigineuse, il en suggère les conséquences : « Coupables et victimes eux aussi forment désormais un peuple de rescapés » Yves Toussaint.

Un livre recommandé par l’Echolatain, « Sigmaringen » de Pierre Assouline.

Photo : Michel Ange, symbole de la réunification des peuples (détail de la Chapelle Sixtine de Rome) 

Pour retrouver les chroniques précédentes, je vous invite à appuyer sur le libellé: Histoire d'en lire, qui se trouve en bas de page, merci.

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