Le Conte d'hiver.
Tragédie
de William Shakespeare
Éditions « Minuit »
Plus
onirique que jamais, « Le Conte d’Hiver » est la pièce de Shakespeare
qui défie le plus le temps et les lieux. Léontes roi de Sicile et Polyxène roi
de Bohême sont des amis d’enfance indivisibles. Neuf mois passés en Sicile,
l’appel des affaires de l’État de Bohême invite Polyxène à ses devoirs de
monarque. Hermione, reine et femme de Léontes pousse Polyxène à rester en
villégiature en Sicile. Générosité d’hôte partagée avec Léontes, le roi cache pourtant
mal, sous une folie passionnelle originelle, une jalousie tenace envers sa
femme qu’il soupçonne d’adultère avec son ami. Soupçons patents qu’Hermione est
enceinte d’une petite fille déclarée en définitive bâtarde par le roi de
Sicile. L’indésirable de Bohême sent le vent tourner en sa défaveur et la
cataracte de fiel se déverser sur ses épaules. Camillo, fidèle de Léontes
apprend par son maître sa jalousie maladive haineuse et, sur son ordre,le plan
diabolique d’empoisonner le souverain de Bohême. Bouleversé par ces aveux,
Camillo craint la coercition de son maître qui appellera à coup sûr à sa
condamnation. Pour lui, l’opposition à ce projet meurtrier ou sa réfutation de
croire la reine coupable d’adultère face à la jalousie exacerbée du roi, encouragera
sa responsabilité d’avoir trahi; la mort l’attend aussi.
Polyxène et
Camillo fuient la Sicile par la petite porte, regagnent en bateau une Bohême
imaginée par Shakespeare sur une mer improbable, d’où accoste un rivage inventé
qui augmentent la part de fantastique de la pièce.Perdita, fille de Léontes et
d’Hermione, est conduite en terre inconnue pour être abandonnée à la mort. Le
bébé est abandonné mais la preuve de son décès n’est pas établie car son
bourreau est dévoré par un ours.
A son
paroxysme, la jalousie de Léontes fait condamner la reine à l’emprisonnement. Sa
mort et celle de son fils entrainent le roi dans la culpabilité puis le remord
et comme une catharsis, le poussent à devenir meilleur. La rédemption et le
pardon vaincront, quand seize ans plus tard Perdita devenue une femme subtile
et raffinée mais roturière, souhaite se marier avec Florizel, fils de Polyxène
roi de Bohême. Par un odieux tour de passe-passe, Polyxène, rétif à cette
union, interrompt le mariage au cours d’une fête pastorale qui le concluait, et
provoque la rupture.
En Sicile,
Léontes examine sa conscience et soutient ce mariage lorsqu’il découvre sa
filiation avec Perdita tout en recouvrant l’amitié de Polyxène. Une statue à
l’effigie d’Hermione commandée par le roi et exécutée avec un réalisme à s’y
méprendre,provoque chez Léontes un altruisme sans précédent. Magie de
Shakespeare, Hermione revient à la vie, la tragédie se transforme à sa chute en
une comédie de société. A son époque, Molière ne l’aurait pas mieux écrite.
Malgré cette fin heureuse, persiste une réflexion inquiétante sur les pressions
et les violences faites aux femmes.
Une pièce
de théâtre à lire ou à relire «Le Conte d’Hiver» de William Shakespeare,
recommandé par l’Echolatain.
Yves
Toussaint
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