« La
Vallée sans Hommes »
De
Roger Frison-Roche
Edition
Arthaud
Roger Frison-Roche et Jean-Marc Ouvrier-Buffet, rencontre en Vanoise.
Deuxième et
dernier opus de la série « Les Terres de l’Infini », « La Vallée
sans Hommes » est l’hymne le plus singulier de la quête de soi en
littérature d’aventure. Dans « La Peau de Bison » le héros, Max
Gilles, quitta la civilisation moderne pour s’exiler dans le Grand Nord, entre
l’extrême nord canadien et la mer Arctique. A Snowdrift, vie paisible avec les
indiens rime avec adaptation pourtant forts contraignantes du climat polaire
des bords de « la Liard ». Le décès de son épouse Rosa, une jeune
indienne, propulse Max dans l’idée que la vraie solitude ne se trouve qu’au
cœur des terres infinies où les conditions obligent à ne plus faire référence
au passé. Frison-Roche force le destin de Max Gilles dans « La Vallée sans
Hommes ». Désormais, rejoint par son neveu Bruno, Max souhaite, en se
coupant du monde, trouver l’absolue solitude ; celle qui relie l’homme en
harmonie complète avec la nature et sa survie. Il prépare une expédition sur la
rivière « Nahanni », remontant son cour terrible en barges à moteur,
accompagné de deux amis indiens. Rapides vertigineux, canyons étroits, chutes
d’eaux épouvantables, chasses prolifiques, violences des éléments, sérénité des
bivouacs, sont les évènements successifs de l’aventure afin de gagner les Portes
de l’Infini. L’expédition est épique. Un des deux indiens ne reviendra pas,
l’autre abandonnera,victime de puissantes superstitions qui qualifient le bout
du voyage de Max au Portes de l’Infini de royaume des hommes sans tête. Ni
maléfices, ni obscurantisme, ne limitent les projets de Max qui s’enfonce dans
les vallées étroites aux montagnes encaissées, aux forêts denses, en barge puis
en traineau à chiens lorsque l’hiver augmente l’austérité et la cruauté de la
nature. Une crique s’offre à lui, au bout de la Nahanni.Elle s’ouvre bien plus
loin, mais plus improbable pour Max sur les plaines de la civilisation canadienne.
Sa vie s’organise dans la violence de la solitude, dans l’agressivité de la
survie.Pour autant,il trouve une absolue quiétude à ordonner son existence de
trappeur, de chasseur, dont les instants sont scandés par les pressions de la
nature. Point de salut si l’homme ne
s’adapte pas et plus encore, s’il ne développe pas ses connaissances sur les
milieux qui l’entourent, la mort lui est assurée. De nombreux corps de mineurs,
de trappeurs, prouvent les limites de l’existence lorsque l’homme n’a pas su
analyser et comprendre la nature. Dans cette occurrence, les superstitions
indiennes se vérifient, le fond de la Nahanni est bien une vallée sans hommes. Cependant,
Max prouve qu’entre fureur des eaux, sauvagerie animale et apocalypse hivernale
jusqu’à –60 degrés, les Portes de l’Infini sont une opportunité pour les hommes
qui ont choisi l’aventure et la liberté. On ne peut révéler tous les épisodes
rudes et profonds décrits par Frison-Roche tant les rebondissements suivent les
aléas de la nature et l’influence capitale des
changements de saisons. Ils rythment la tension du récit, marquent sa grandeur
lyrique comme une épopée homérique, un test initiatique pour quiconque
souhaiterait retrouver altérité, générosité, accès à la connaissance, avec le
milieu qui l’entoure. Admettre c’est se raisonner, comprendre c’est s’adapter ;
le tout permet de durer.
Sur les
traces de son oncle, Bruno recherche Max qui, bloqué par l’hiver, partagera sa
vie rude et solitaire. Un malheureux concours de circonstances provoque la mort
de Max dont les valeurs humanistes et intègres transmises, sont dorénavant
acquises par Bruno. Yves Toussaint.T
Un livre donc, à lire ou à relire «La Vallée sans Hommes» de
Roger Frison-Roche, recommandé par l’Echolatain.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire