Cliché: SCIJ.
Le
Ski Club International des Journalistes (SCIJ) est né en 1955, à
Méribel-les-Allues. Ses initiateurs furent le Français Gilles de La
Rocque et le Suisse
Marcel-A. Pasche. Gilles
de la Rocque fut durant quinze ans rédacteur diplomatique dans le
groupe France-Soir. C'est ainsi que, constatant, lors de la conférence
de Berlin de 1954, l'absence de tout contact entre journalistes de
l'Est et de l'Ouest, il imagina de défier cette conséquence de la guerre
froide en proposant à ses confrères de se retrouver dans le Ski-Club des
journalistes, qui surgit donc en 1955, à Méribel-les-Allues. Comme
le Français était un grand montagnard et un skieur passionné, il
résolut, avec l'aide d'un autre grand sportif, le Lausannois Marcel
Pasche, de convier chaque année des journalistes de tous pays à disputer
des épreuves de ski et à mettre à profit l'ambiance détendue de
l'après-ski pour des échanges exempts de chauvinisme. A
Méribel-les-Allues, on commença modestement : 65 journalistes
participèrent, venus de huit nations (France, Suisse, RFA, Italie,
Autriche, Belgique, Yougoslavie et même le petit Luxembourg). Les
Etats-Unis, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas se joignirent dès la
seconde rencontre, organisée en 1956 à Sainte-Croix/Les Rasses en Suisse.
Si l'URSS ne fit son entrée dans le club qu'en 1961, lors de la
rencontre de Courchevel, le SCIJ avait, dans l'intervalle, accueilli la
RDA, la Bulgarie, la Hongrie et la Tchécoslovaquie. L'effectif des
participants n'a cessé de croître, avec un record absolu de
participants atteint en 1994 à Are, en Suède. Ce fut cette année-là
aussi, de même que l'année précédente à Sestriere en Italie , que le
nombre de pays représentés atteignit un pic : pas moins de 37 nations
représentées ! Certaines délégations étaient sans doute un peu exotiques
ou venues de pays peu ouverts aux sports de neige (Afrique du Sud,
Chine populaire, Israël, Algérie), mais au SCIJ plus qu'ailleurs
l'essentiel est de participer. Au
temps du Rideau de fer et de la guerre froide, le SCIJ a représenté des
occasions de contacts uniques pour des journalistes de tous pays.
Exemple: c'est un jour de l'hiver 1977 à Bakouriani ,Caucase, à
l'époque Brejnev, que le SCIJ imposa pour la première fois une
délégation israélienne en URSS. Non loin de Gori, ville natale de
Staline! A l'inverse le SCIJ avait imposé une délégation soviétique dans
l'Espagne de Franco quatre ans auparavant. Les
enjeux ne sont plus les mêmes depuis 1989, mais l'esprit demeure: mieux
se connaître pour mieux s'aimer ou mieux accepter les différences. Propos recueillis auprès de Bernard Le Grelle.