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Les familles nombreuses au pays des avalanches.
in, Paysages romanesques des Alpes, de Henry Bordeaux, Editions de la Vraie France, 1925.
Novembre 1924.
Parmi les prix Cognacq qui viennent d'être décernés par l'Académie française aux familles de plus de neuf enfants, il en est un qui servira à consolider et rafistoler une maison élevée à plus de 1500 mètres d'altitude, habitée toute l'année et même quand elle disparaît sous la neige, et qu'avait ébranlée la grande avalanche du 28 décembre 1923.
On se demande pourquoi l'on a toujours rebâti sur les flancs du Vésuve et de l'Etna, malgré les menaces des volcans : mais c'est que le climat y est d'une douceur incomparable et le sol d'une exceptionnelle fertilité, et puis chacun tient à son coin de terre, à son foyer, à son horizon et ne s'en va pas facilement. Au pays des avalanches, on ne s'en va pas davantage. Pourquoi ? C'est un peu plus difficile à faire comprendre. Si le danger y est grand, l'existence ne cesse pas d'y être rude. Mais elle a son attrait mystérieux. Les hivers n'y sont pas sans charme, avec le soleil sur toute cette blancheur ; nos paysans, même des femmes âgées, se sont presque tous mis au ski et cessent d'être confinés dans leurs habitations par les amas de neige. L'été y est agréable, chaud et ventilé ensemble, et se prolonge souvent très tard dans l'arrière-saison. Enfin, l'on y jouit d'une indépendance qui plaît à nos montagnards, loin des villes et des administrations, dans le voisinage des chamois et des coqs de bruyère. On choisit soi-même sa besogne, on fait sa vie comme son chemin. Il y a encore des amateurs de liberté qui n'aiment pas être embrigadés, surveillés et catalogués. Amateurs courageux, qui ont à lutter contre les éléments et qui leur opposent à la fois des digues matérielles et morales. Ils construisent, pour protéger leurs maisons adossées à la pente de la montagne, ce qu'ils appellent des gardes : un petit mur en forme d'éperon, recouvert de terre et de gazon, contre lequel vient butter l'avalanche et qui la divise. Et mieux encore, ils construisent aussi un autre mur, un mur de chair et de sang, la digue des enfants nombreux, sains et vigoureux, prêts à prendre leur suite. Voilà pourquoi l'on reste en place.
Où donc est le pays des avalanches ? Un peu partout, dans les hautes vallées des Alpes. Celui qui est à l'honneur aujourd'hui et dont je désire vous parler s'appuie à la chaîne des Aravis ou du Reposoir, qui sépare les deux départements de la Savoie et de la Haute-Savoie. Cette chaîne des Aravis, à l'ombre de laquelle se tapie la Chartreuse du Reposoir, sert de ligne de partage des eaux qui coulent au Nord vers le lac d'Annecy, et au Sud vont se jeter dans l'Isère. Elle forme, avec ses murailles de roc, un magnifique éventail, tout rose aux feux du couchant, qui protège contre la bise le village de La-Giettaz. Le gros du village est groupé dans le fond, autour de l'église et, abrité par un mamelon bordé de couloirs, ne court pas de risque, pas plus que la Villa Jeanne-d'Arc, admirable maison de repos salubre pour l’œuvre de la jeune fille au grand air. Mais combien d'autres maisons s'éparpillent sur les pentes, proche les pâturages, bien exposées et gardées pour le meilleur service du bétail ! A plus d'une heure du chef-lieu, comme on dit là-bas, et à 1500 ou 1600 mètres d'altitude, il y a nombre de chalets habités toute l'année.
C'est une population originale, gaie et religieuse ensemble, pleine d'initiative et de réflexion. Pour rien au monde, elle ne manquerait la messe le dimanche, quelle que soit la distance. Sa confiance en Dieu l'aide à supporter son dur labeur et son isolement. Elle aurait, sans religion, sombré dans l'égoïsme, l'étroitesse d'idées ou l'ennui, tandis qu'elle a su maintenir chez elle une vie intérieure qui lui sert de support. On est surpris des conversations qu'on peut avoir avec ces paysans plus cultivés et plus occupés de métaphysique que la plupart des citadins.
Quelle suite de curés aussi que les desservants de La-Giettaz ! L'avant-dernier, l'abbé Braud, y est resté cinquante-cinq ans, de 1851 à 1906. Il ne voulut jamais s'en aller. Et il composa le cœur délicat et fort de ses paroissiens. Son successeur, l'abbé Daviet, fut un autre homme, une sorte de poète de l'action. Un grand événement s'était produit sous son ministère : la route des Aravis, tronçon aujourd'hui de la route des Alpes qui mène de Nice à Evian, a té ouverte à la circulation. La commune n'était plus à l'écart du monde : la porte des Aravis était enfoncée, et le monde apparaissait. Notre homme songea à utiliser cet avantage pour ses ouailles. Il leur proposa de bâtir un hôtel avec leurs fonds communs, un hôtel qui serait particulièrement destiné aux bonnes familles avides de grand air et de paix. Et puisque tant de gargotiers, de tenanciers, de gérants et de sociétés faisaient fortune avec les étrangers, ce serait le village tout entier, cette fois qui en profiterait. Il fut écouté et suivi et, au printemps de 1914, la villa Jeanne-d'Arc était achevée avec les économies de tous, solidement appuyée sur ses fondations, toute claire au soleil avec de grandes fenêtres et des vérandas vitrées, pareille à ces confortables hôtels suisses bâtis dans les plus beaux sites. La saison s'annonçait bien. Et, la guerre nous fut déclarée.
Le 2 août 1914, le maréchal des logis de la gendarmerie de Flumet, qui est le village voisin de La-Giettaz, vit débarquer chez lui un prêtre pâle et hagard qu'il eut de la peine à reconnaître : l'abbé Daviet, malgré son âge, demandait à partir aux postes les plus exposés. Il ajoutait : « J'ai fait le malheur de ma paroisse. Il faut que j'expie... « Le maréchal des logis, le voyant dans cet état d'agitation, eut le bon sens de l'envoyer chez le curé de Flumet. Celui-ci devina l'état de son confrère et le réconforta avec un verre de champagne, de la dernière bouteille qui lui restait et qu'il avait débouchée pour son clerc qui partait. L'abbé Daviet reprit ses esprits et se mit à l'orgue où il improvisa – car il était grand musicien – un hymne sacré sur la victoire. Le remords d'avoir ruiné sa paroisse lui avait tourné la tête. « Retournez chez vous, lui recommanda le curé de Flumet, votre place est à La-Giettaz. Vous n'y serez pas de trop... « Il regagna sa cure qui fût bientôt envahie par ses paroissiennes : « Monsieur le curé, nous ne pouvons pas garder notre bétail à la montagne, il nous faut tout vendre ; on ne paie plus notre beurre ni notre lait. Nous sommes perdues, et que diront nos hommes qui sont aux armées ? - Apportez moi votre beurre et votre lait : je m'en charge... » Le soir, il avait dans son presbytère huit cents kilos de beurre. Mais, le lendemain matin, il était à Annecy et il organisait les transports. C'était faute de moyens de transport que les produits ne s'écoulaient pas. Grâce à son initiative, les femmes de La-Giettaz purent supporter la guerre et même, aux hommes de retour, elles purent fièrement montrer leurs économies.
Comment il mourut, c'est encore une autre histoire. La guerre lui avait fauché quarante poilus, tous dans l'infanterie et la plupart dans les chasseurs à pied. Voilà que la mauvaise grippe, à la fin de 1918, vint encore à l'attaque de ses chers paroissiens. Lui-même est touché par le fléau. Son vieil ami, le docteur Basso, de Flumet, lui rend visite. Il a quarante degrés de fièvre et le médecin lui ordonne de se mettre au lit. Mais on vient le chercher pour administrer une mourante qui le réclame à cor et à cri et qui demeure haut dans la montagne. « Vous n'irez pas, dit le docteur. - Oh ! C'est moi qui commande ici « , répond le prêtre. Et il y va. Quand il revient, il dit seulement : « Je crois bien que je mourrai avant elle. « Il la précéda, en effet, et l'on fit le même jour les deux convois.
Il a été remplacé par l'abbé Josserand, dont je ne dirai rien pour ne pas le désobliger, rien, sinon qu'il appartient à une famille de huit enfants, qu'il a eu trois frères tués à la guerre, et qu'il a lui-même servi comme brancardier à la 64e division.
Ce beau pays de La-Giettaz reçoit de son abri même un danger. La chaîne du Reposoir lui vaut sa douceur et son soleil et en même temps la menace tout l'hiver. La neige, chassée du mont Blanc voisin par le vent d'est, se jette contre la paroi de la porte des Aravis, de la pointe de Balmaz, du pic des Verts. Elle tapisse ces pentes abruptes et bientôt la tapisserie revêt une hauteur de quatre ou cinq mètres. Son poids, alors, ou la tourmente, va produire une coupure qui peut s'apercevoir sur une longueur de plusieurs kilomètres. Toute la masse détachée se précipite dans les couloirs où, comprimée, elle ne peut tenir, en sorte qu'elle rebondit en trombe sur les coteaux habités. C'est l'avalanche. Mais ses dégâts et son allure changent. Quand la neige est lourde, mouillée ou amollie, elle suit les couloirs tracés, charriant d'énormes blocs, écrasant tout sur son passage : mais ce passage est repéré et l'on a pas commis l'erreur de lui offrir une proie trop facile. Si la neige est, au contraire, ténue, fine, friable, farineuse, et si le gros vent s'engouffre avec elle dans les abîmes, elle part comme une folle en furie, au hasard et sans choisir sa route. C'est l'avalanche en poussière, souvent inattendue et difficile à prévoir, et assez forte pour faucher une forêt par son seul déplacement d'air. Nos montagnards ne redoutent guère celle-ci. Si, par chance, elle rencontre dans sa descente de la neige molle, elle s'y assomme en s'y amoncelant. Sinon ; elle ira jusqu'au fond du val buter contre la montagne d'en face.
Vous comprenez bien que nos paysans ne s'exposent pas de gaieté de cœur à ses méfaits. Mais ils croient la bien connaître. Ils choisissent avec soin l'emplacement de leur maison, bien adossée à la pente ; grâce à l'éperon de la garde qui entame le flot de neige et en rejette les eaux, l'avalanche peut leur passer dessus avec son poids formidable et son bruit de tonnerre sans briser le toit. Mais les calculs ne sont pas toujours exacts avec la nature. En 1641, la grande avalanche fit quarante-trois morts à La-Giettaz. Celle de 1814, 31 mars, descendit jusqu'au bas de la vallée, ruina des habitations, mais il n'y eut pas de victimes. Le 12 janvier 1843, elle arriva en coup de foudre : elle détruisit de fond en comble cinq maisons qui n'ont jamais été rebâties et en démolit aux trois quart six autres. Aussi violente que celle de 1641, elle se contenta de treize morts. Une fillette fut trouvée vivante sous les décombres, sur le sein de sa mère morte ; quand elle fut en état de marcher, on s’aperçut qu'elle avait un pied tourné. Quatre-vingts ans plus tard, la catastrophe recommença.
Le temps est tel, dans la seconde quinzaine de décembre, (1923) que l'on s'attend à La-Giettaz à quelque malheur. Le 23, un dimanche, la neige tombe fine et drue ; une terrible tourmente la balaie de toutes parts et, dans les intervalles, son amoncellement sur la porte des Aravis apparaît inquiétant. Cependant, on est habitué à ces menaces. Les habitants des chalets isolés à flanc de coteau ne vont pas rester pour autant confinés chez eux : ils iront à la messe et l'on prendra quelque précaution. Pierre Bibollet, qui est l'homme habile de la paroisse, celui qui manœuvre tout l’automne la machine à vapeur pour les battages, veut descendre au plus vite pour voir ses clients. Il lui faut plus d'une heure pour gagner le chef-lieu. Il est veuf, il a trois enfants en bas âge que garde son vieux père. Celui-ci l'engage à ne pas franchir le petit couloir qui est à quelques mètres de leur maison. « Oh ! Répond-il insouciant, dans deux minutes tu me verras de l'autre côté... » Avant les deux minutes, le père le voit disparaître, enlevé comme une plume par cette avalanche en poussière qui surgit à l'improviste. Tous les hommes de la commune qui, ce matin-là, s'en viennent à la messe courent aux skis et aux pelles : on ne peut dégager le cadavre que le lendemain.
Cependant la tempête de neige continue. Il faut la subir pour les offices de Noël. Elle fait rage du col des Aravis au col du Jaillet. Les anciens combattants assurent que sa canonnade leur rappelle les rafales d'obus en préparation d'une attaque. L'attaque se déclenche le 28 décembre au soir, un vendredi. Elle part des pointes de Balmaz et des Verts. Elle fonce à toute allure sur les chalets du Rosay et la maison du Maigre. Là-bas, ou plutôt là-haut, toutes les habitations ont leur nom ou leur surnom. Le Rosay, c'est le logis de François Bibollet, le lauréat actuel du prix Cognacq, qui a dix enfants. Tout ce petit monde, la mère, la grand'mère qui a quatre-vingts ans, le père et la troupe des dix, cinq garçons et cinq filles, est rassemblé dans la pièce principale mal éclairée. Triste veillée, pareille à celles du front quand on attend l'offensive ennemie d'un instant à l'autre. Il y a bien, à côté, une cachette qui sert d'abri aux fromages et qui mieux encastrée dans la muraille, résisterait mieux à la tourmente, comme les caves pendant les bombardements ; mais on y est si mal qu'on hésite à s'y entasser. François Bibollet rassure son peuple et même le fait rire avec des histoires. C'est un bon vivant qui n'a pas son égal pour grimper dans les rochers et chasser les coqs de bruyère. Il est solide, leste et gai. Pendant toute la guerre il a été mobilisé, bien qu'il eût déjà six enfants, depuis lors, il lui en est venu quatre nouveaux qu'il a bien accueillis. Il rassure son monde, mais il n'est pas lui même rassuré. La preuve, c'est que personne n s'est allé coucher, quand ce serait l'heure depuis longtemps ; les plus petits dorment sur leurs chaises, et le dernier sur les genoux de sa mère qui récite son chapelet. Le vent est si violent que le chalet craque de toutes parts. Résistera-t-il, le pauvre chalet bâti par les ancêtres, ou sera-t-il emporté ? Va-t-on être roulé par la Visiteuse Blanche qui déferle comme la mer un jour d'ouragan ? Elle approche, elle vient au galop en hurlant, elle se butte contre la garde , elle se sépare, mais le corps principal passe en trombe par-dessus la maison qui semble faire le gros dos pour supporter le poids de cette masse. Et la masse est lancée avec une telle vitesse qu'elle franchit l'obstacle sans le briser. La charge n'a duré qu'un instant. « Ça va bien, dit François Bibollet qui a compris, allons nous coucher. «
Au-dessous du Rosay, il y a le chalet du Maigre. Celui-ci est habité par deux jeunes gens, le frère et la sœur, Jean et Dorothée Jacquet. Jean est revenu tout récemment du service militaire. Dorothée est fiancée, mais elle a retardé son mariage pour que son frère ne trouvât pas la maison vide et prît le temps de s'accoutumer à la solitude ou de chercher femme. Lui ne croit pas au danger. Il a sommeil et veut son lit. Il est, comme nos Savoyards, brave de nature et un peu fataliste. Elle a gagné sa chambre, mais ne s'est pas couchée. Pour se tenir éveillée, elle a ouvert sur la table l'Introduction à la vie dévote de saint François de Sales, car elle est pieuse et cultivée.
Au petit jour, seulement, un voisin se rendit compte que le chalet Maigre n'existait plus. Il avait un cor de chasse et corna de toutes ses forces. Le clairon des pompiers lui répondit. Le curé, les jeunes gens accoururent à ski, les premiers. Une plainte déchirante montait, à peine distincte, à demi étouffée par sous la neige. A tout hasard, le prêtre éleva la main pour absoudre. Mais ce n'était qu'un petit chien qu'on put dégager. Jean Jaquet fut retrouvé presque intact, le visage serein : il avait eu les reins brisés pendant son sommeil et n'avait pas vu venir la mort. Tandis que sa sœur Dorothée avait laissé tomber le livre et levé les deux mains en l'air, comme pour conjurer le péril.
Vous comprenez maintenant que la population de La-Giettaz n'est pas une population ordinaire. On ne vit pas impunément dans le voisinage des avalanches. On y acquiert la résistance au danger et le courage quotidien. Un coup de soleil sur la neige fait oublier les épreuves. Car la beauté de la montagne en hiver est sans égale. J'en appelle à tous ceux qui l'ont vue et qui ont regardé le couchant saigner sur les immenses névés immaculés. Il y a dans ces altitudes glacées un attrait que le montagnard ressent, même s'il ne sait pas l'exprimer. Il étouffe dans le noir et la boue des villes. La preuve, c'est qu'il reste. Mais ne restent, je l'observe avec attention depuis la guerre, que ceux qui pensent à autre chose qu'aux intérêts matériels, ceux qui ont conservé, au dedans une flemme spirituelle, entretenue communément, il faut bien le dire, par le sentiment religieux.
Je revois, devant le robuste chalet du Rosay dont j'ai vérifié la garde taillée en éperon, garde qui l'a sauvé le soir du 28 décembre dernier, toute la famille de François Bibollet réunie. A u centre les parents, père, mère et grand'mère, et celle-ci n'est pas de trop, car, malgré l'âge, elle rend d'innombrables services, conduisant les cadets à l'école, veillant sur leur santé, leur propreté, leurs progrès. Aux ailes et au-dessus, les plus grands, garçons et filles en nombre égal, et les plus petits répartis sur les genoux ou par terre, tous bien tenus, sains, vivaces et joyeux. Quel avenir s 'annonce là ! Les pères de famille, disait Charles Péguy, « ces grands aventuriers du monde moderne « : rien de plus juste ; il ne faut pas leur chercher des mines déconfites et patibulaires. Dans toutes les visites que j'ai faites aux lauréats des prix Cognacq ou Lamy, j'ai toujours rencontré des hommes souriants et vigoureux, prêts à courir l'aventure pour leur lignée, et jamais des hésitants, des indécis, des craintifs. Il faut aimer la vie pour la distribuer aussi largement ; il faut avoir confiance en Dieu et dans son travail et son énergie. Quant aux mères, qu'en dire qui soit digne d'elles ? Un de ces pères de familles nombreuses que je complimentais voulut reporter mes éloges sur la femme : « Une mère, me dit-il, qui nourrit et élève une dizaine d'enfants et qui en fait des hommes consciencieux et d'honnêtes femmes, exerce un sacerdoce. « Un sacerdoce, le mot n'est-il pas beau et juste ?
A La-Giettaz, les familles nombreuses ne sont pas rares. Et, pour achever d'honorer ce village, j'ajouterai que l'envie, la triste envie démocratique, y est inconnue. Tout le monde s'est réjoui en apprenant la bonne fortune échue à François Bibollet.
_C'est un rude compagnon, m'a-t-on dit, débrouillard, serviable et gentil.
Gentil : j'aime mieux ce vieux mot de France. On boira un bon coup à La-Giettaz en l'honneur du gentil Bibollet, de sa femme et des ses dix enfants, sans oublier la grand'mère...
Henry Bordeaux, de l'Académie française. 1870 à Thonon-1963 à Paris.
Je remercie vivement M Philibert du Roure, petit-fils de l'auteur et qui au nom de la Société civile Henry Bordeaux, m'a autorisé à publier cet texte qui reste la propriété de cette dernière
En complément, vous pouvez consulter ce document, page 149 et 150:
Les avalanches de fin décembre 1923 en Savoie - Persée (persee.fr)
3 commentaires:
Merci Edmond de nous partager cet extrait que j'ai littéralement dévoré...mais aussi un grand merci pour ce blog en général qui, pour ma part, agrémente toutes mes fins de journée !
Sandrine
Merci. Henry Bordeaux qui a été très célèbre est aujourd'hui bien oublié. Je trouve cependant qu'il est encore agréable à lire. On trouve facilement ces œuvres chez les bouquinistes en ligne. Pour publier ce texte qui avait une touche locale, j'ai demandé au petit-fils de l'auteur une autorisation qu'il m'a volontiers accordée.
Oui, j'ai lu que vous aviez obtenu cette autorisation des descendants. Merci à eux et à vous pour cette riche idée !!!