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vendredi 3 février 2017
Je viens de remettre la main sur le volume six des Mémoires et documents de l'Académie salésienne, T 87-88. Roger Devos et Charles Joisten dans cet ouvrage présentent et analysent l'enquête de Mgr Rendu, évêque d'Annecy, qui en 1845 soumet à tous les curés un questionnaire. Je vous propose dans un premier temps les réponses du curé de Saint-Nicolas-la-Chapelle, Victor-Amédée Rey, né à Bellevaux, le 8 mai 1789, ordonné le 30 mars 1816, vicaire à Taninges puis curé de Saint-Nicolas-la-Chapelle le 01 décembre 1819, décédé le 26 juin 1859. Au recensement de 1848, Saint-Nicolas-la-Chapelle comptait 1034 habitants.

Portrait de Mgr Rendu, par Paul Cabaud, musée d'Annecy.

Monseigneur,

Votre circulaire, par laquelle vous me demandez des renseignements sur les usages qui caractérisent chaque paroisse de votre diocèse, ne m'est parvenue que sur la fin de mai proche échu; je suis mortifié de n'avoir pas eu le temps de satisfaire plutôt à vos souhaits.

Vous tiendrez pour non existants dans cette paroisse les usages exprimés dans votre lettre, desquels je ne ferai pas mention ici.

Usages religieux.

1/ Offrandes de beurre, fromages et argent, le jour de la Saint-Antoine, 17 janvier, item le jour des Trépassés, 2 novembre, item chaque dimanche, ce  que l'on appelle  la boite des ames, pour trois chantaux ou libera me par semaine.
Le jour de la Saint-Jean-Baptiste 24 juin, et le jour du patron 6 Xbre, on offre un peu d'argent, en laissant les reliques exposées durant la grand'messe, à la vénération des fidèles.
Chaque vendredi de l'année, on lit la passion suivie du chant Vexila, pour cela il y a une fondation de quarante livres neuves.

2/ Il n'y a  de jours de dévotion, outre les fêtes et dimanches, que le  mardi de Pâques pour les Confrères du St Nom de Jésus, le vendredi après l'octave du St Sacrement, pour la Confrérie du Sacré Cœur et le premier dimanche d'octobre pour la Confrérie du Rosaire.

Notes.

La confrérie du Saint Nom de Jésus a été fondée à Saint-Nicolas-la-Chapelle le 23 avril 1647. Elle fut érigée ce jour-là par le P. Marc de Talloires, capucin, avec la permission de Charles-Auguste de Sales, évêque de Genève-Annecy. Elle comprenait 84 confrères, les ecclésiastiques et les plus avancés en âge parmi les confrères représentant les douze apôtres et les autres les soixante-douze disciples. La confrérie existait encore en 1871 mais ne pratiquait plus d'aumônes générales comme à La Giettaz. Elle n'était plus qu'une confrérie de dévotion dont les activités consistaient en un service pour les confrères défunts, chaque vendredi de l'année, et deux grands messes, le mardi de Pâques, fête principale à laquelle assistaient les ecclésiastiques  des environs. " Les confrères devant être de mœurs irréprochables , précisent les statuts de 1871, sont indignes d'appartenir à la confrérie du saint Nom de Jésus: 1 ceux qui blasphèment le saint nom de Dieu; 2 ceux qui scandalisent le prochain par une vie déréglée, comme inconduite, libertinage, usure, ivrognerie, concussions, querelles, disputes, batailles; 3 ceux qui fréquent les jeux, les danses, les cabarets; 4 ceux qui se montrent indifférents pour la gloire de Dieu, n'assistant pas aux offices les jours de dimanche et fête, ou sans motif pendant la messe restentdevant l'église ou ailleurs.

La confrérie du Sacré-Cœur fut érigée à Saint-Nicolas par bref de Pie VII en 1822.

Voyages de dévotion.


3/ Il y a quelques personnes qui vont vénérer les reliques de saint François de Sâles à Annecy; on ne parle pas ici d'autres voyages de dévotion; ni de pèlerinage; et depuis que les patrons se célèbrent le jour ou ils se trouvent, on ne va pas même aux paroisses voisines.

Bénédictions.

4/ Les bénédictions qui sont en usage ne sont, outre celles qui sont prescrites par le rituel du diocèse pour l'église, que la bénédiction des montagnes ou challets, au mois de juin, et la bénédiction des nouveaux fruits, dite la bénédiction des têches, en octobre, pour lesquelles on donne un peu de beurre ou petit fromage.

Noces.


5/  Les noces chez les personnes aisées, et même, presque pauvres, sont assez bruyantes, il y a presque toujours des pistolets et violons; elles commencent par un souper prolongé jusqu'à après minuit, la veille chez l'épouse, et se terminent que le lendemain du mariage, à midi chez l'époux. J'ignore les cérémonies qui s'y observent; comme on passe la nuit dans des maisons; où l'on voit que quelques lits placés dans les bouvés où l'on habite toute l'année. On prétend que les anciens prêtres permettaient autrefois, pour éviter un plus grand mal, de danser les jours des noces, et je crois que l'on use généralement de cette permission supposée.

Professions.
6/ Ici, tout le monde est de la même profession, cultivateurs, il n'y ni fêtes, ni repas, ni jeux à la fin des travaux; les saisons se succèdent en ramenant les occupations relatives à chacune, il arrive même que l'on renvoie les ouvriers à la fin du jour, sans leur donner à souper, comme il arrive aussi, qu'à la fin, on soupe un peu plus copieusement qu'à l'ordinaire; la boisson dont on se sert alors est du cidre ou de l'eau de vie.

Réunions.

7/ Il est assez d'usage, que pendant l'hiver, les voisins hommes et femmes, se réunissent les uns chez les autres, pour économiser la lumière. Je pense que les hommes, surtout les jeunes gens s'amusent à jouer aux cartes, ou à d'autres jeux, mais on entend que très rarement parler de danses à l'occasion de ces réunions. On y parle beaucoup, parce que tout le monde sait, ou prétend savoir parler; mais je crois que celui qui, le plus déraisonne, est celui qui parle le mieux. On y entend rarement la lecture ou le catéchisme; d'où il s'ensuit que la Religion, la Charité et la pureté y sont bien souvent blessées.

Aumones.
8/ Quand aux aumônes, outres celles qui se font en particulier dans las maisons aisées, ( car le monde donne assez copieusement ) il y a dans le courant de l'année du décès des chefs de famille, des aumônes générales où l'on distribue aux pauvres qui s'y présentent, de la soupe, du pain et de la viande, alors il y a dans la maison du défunt, un repas pour tous les parents et amis, et le vin, les viandes ne manquent pas plus que dans ceux des nôces, mais cet usage vieili, et les résultats sont les mêmeslit, on préfère distribuer du sel aux pauvres le jour de la sépulture ou quelques temps après.

Préjugés et superstitions.

9/ Quand aux préjugés et superstitions, il y a encore des personnes qui semblent craindre de semer en certains jours, de se marier dans le mois de mai; il y en a encore qui semblent craindre les sortilèges, mais en général, on ajoute peu de foi à ces vaines observances.
On sonne  aussi pour le mauvais temps et souvent on ajoute plus de foi à la vertu des cloches que la Religion ne permet; lorsque l'on fond les cloches, on va jusqu'à St Maurice en Valais, chercher un grain des cloches de cet endroit, pour le jeter dans la fusion, et dès les orages et les tempêtes ne peuvent rien.


Cabarets.


10/ L'usage des cabarets est assez fréquent ici, et les résultats sont les mêmes qu'ailleurs, excepté que, l'on s'y dispute rarement: tout le monde , pères, mères, garçons et filles, vont aux foires et marchés, chacun a sa bourse, les filles s'habillent du produit des dentelles qu'elles font pendant les moments de loisirs, et sacrifient pour le plus grand nombre, à une ridicule vanité, le  fruit de leur travail; les jours ouvriers, elles sont pauvres artisanes, les jours de dimanche et de fêtes, de grandes princesses, car elles sont enragées pour suivre les costumes qu'elles observent dans les bourgs voisins.

Emigrations.

11/ Enfin le plus mauvais usage pour les jeunes gens de l'un et l'autre sexe, est de s'expatrier pour Paris, aussitôt qu'ils peuvent se suffire à eux-mêmes; la plupart des parents sont lâches sur ce point, on ne peut leur faire entendre raison sur leurs devoirs envers leurs enfants; et de leur séjour à Paris, il en résulte les inconvénients qui sont connus; ils n'y gagnent guères pour le temporel et perdent tout pour le spirituel.
Notre ennui sur la pertes de émigrés de cette paroisse est un peu tempéré par l'assiduité de ceux qui demeurent dans le pays, ils assistent aux offices, entendent les instructions, s'approchent des sacrements et observent en général les lois de Dieu et de l'Eglise.

Voilà, Monseigneur, après mures réflexions, ce que je peux vous dire sur la demande que vous me faites; vous jugerez aisément de ce que je ne vous ai pas dit, et que je n'ai pu dire.
J'ai l'honneur d'être, Monseigneur, avec le respect le plus profond, et l'obéissance la plus soumise,
Monseigneur,
Votre très humble et très obéissant serviteur Rey, Recteur. 

Fin.

Mairie de Flumet.

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Mairie de Saint Nicolas.

Conseil départemental

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Savoie.

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