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Au début de l'été 1914, ( Les journaux mentionnaient des articles faisant prévoir la guerre à chaque instant imminente. Personne ne pouvait y croire... Le 28 juillet, les gendarmes ayant reçu des ordres en pareilles circonstances, avertissent ce même jour les permissionnaires en les engageant de rentrer immédiatement à leur corps respectif... Le samedi 1er août le tocsin de Flumet nous faisait entendre son lugubre appel... Je descendis à La Coulaz chez les Marin-Lamellet. J'y trouvais Joseph, Clément et Dosithé... Cette nuit se passa sans sommeil. ) Extrait du journal de Prosper Eugène Ouvrier-Buffet in Chaucisse 1827 de Daniel Etienne et Marie-Françoise Hug.
Glanée sur la toile.
Pour moi, Joseph Prosper, la guerre n'a pas duré bien longtemps. Avec nos pantalons rouges, nous étions des cibles faciles pour l'ennemi. Avec nos vestes en laine bleue plus trente kilos sur le dos et par une chaleur torride, nous ne pouvions même plus courir. Nous avions reçu ce message: ( Une troupe qui ne peut plus avancer devra se faire tuer sur place plutôt que de reculer. ) J'ai été tué le 3 septembre 1914, un mois seulement après le début de la guerre, à Mandray dans les Vosges. J'avais 22 ans, j'étais célibataire et le cousin de François Adrien l'époux de de Augustine Ouvrier-Buffet. Maintenant je repose à la Nécropole de Saulcy-sur-Meurthe, j'ai la tombe n° 44. Dans ce cimetière de 9061 m2 reposent 2 565 Français dont 1 174 en ossuaires. Je suis entouré d'arbres et de champs de blé. Non loin de là se trouve la tombe de René Fonck, le célèbre aviateur de la Grande Guerre, natif de Saulcy-sur-Meurthe. Celui que l'on surnomma, l'As des As français, a eu 75 victoires homologuées et a abattu à lui seul 142 avions ennemis. Beaucoup l'ont oublié, c'est pourquoi je vous le rappelle aujourd'hui.
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Moi, Dosithée Eugène, j'ai souffert dix mois dans les tranchées. On nous avait dit que la guerre serait vite terminée. Elle dura quatre longues années. En automne 1914, on creuse, on s'enterre, on patauge dans la boue. On attend la soupe avec impatience. Les deux armées se font face et attendent. C'est très long, interminable. Et puis... à Noël 1914, les soldats des deux camps sortent et se serrent la main, c'est incroyable !!! Cet hiver-là il a fait moins 10 degrés. Tout était gelé. pour moi tout s'arrête le 1er juin 1915 à l'hôpital militaire de Lunéville en Moselle. J'ai reçu une balle de pistolet dans le crâne. J'avais 30 ans, j'étais célibataire et le frère de François Adrien. Maintenant je repose à la Nécropole de Friscati à Vitrimont en Meurthe-et-Moselle. J'ai la tombe n° 623. Ici il y a 3 713 corps dont 2026 tombes et 1683 soldats dans les ossuaires.
Les tombes de Jean, Jacob et Mohamed se côtoient, il y règne un grand calme, une sérénité.
Il y a également un petit musée qui explique aux visiteurs de tous âges.
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Moi, Dosithé, j'ai participé à la fameuse bataille des Eparges qui dura du 17 février au 15 avril 1915. J'ai connu les gaz, la terreur des combattants. Ces gaz qui vous brûlent les poumons et les yeux. Maurice Genevoix écrira dans son livre " Ceux de 14 ": " Ce que nous avons fait ... en vérité, c'est plus qu'on pouvait demander à des hommes, et nous l'avons fait. " En février 1916, les Allemands attaquent Verdun. C'est une véritable boucherie, c'est pire que l'enfer. Le 30 mars 1916, je meurs lors du combat du Bois Loclont près de Mouilly dans la Meuse. J'avais 41 ans, j'étaie marié sans enfant et j'étais le cousin de François Adrien. Maintenant je repose à la Nécropole Nationale de Rupt-en-Woëvre dans la Meuse. C'est petit avec seulement 170 sépultures et juste en dessus du cimetière civil du village. Ici aussi règne un grand calme.
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Moi, Constant Joseph, j'ai fait les quatre ans de guerre. Une lettre de la famille est un réconfort moral presque aussi indispensable que de boire ou manger, disaient les soldats.
- Un tel a été blessé, il a de la chance, il va être à l'abri pour un temps.
-Quelle heure est-il ?
- On s'en sortira, dit ? On s'en sortira sain et sauf ?
Ce sont certainement les dernières paroles que j'ai entendues car le 30 juillet 1918, je suis décédé à Millery en Meurthe-et-Moselle à 37 ans dans l'ambulance. J'étais célibataire et le frère de François Adrien et l'aîné de la famille. Je suis à la Nécropole, Le Pétant, à Montauville. Elle fait 6,2 hectares. Il y a 13 519 tombes de soldats français morts lors des deux guerres. Je suis dans la partie du haut avec 5 199 soldats français et un soldat serbe. En bas il y a ceux de 39-45. J'ai la tombe n° 5188, à l'ombre d'un tilleul. Par beau temps, au printemps, je peux entendre les abeilles qui butinent. Tout autour de nous les blés murissent. Ce début de l'été 2023 est sec, très sec.
Ici s'achève notre périple, à la recherche de nos poilus. Dès 1922, André Maginot, le ministre de la Guerre, entreprend de renforcer les défenses françaises aux frontières pour éviter de revivre les échecs de la 1ère guerre mondiale. Quelques années plus tard surviendra la 2ème guerre mondiale.
On a dit, plus jamais ça.
On l'a écrit chaque fois mais chaque jour ça recommence quelque part dans le monde.
L'homme ne comprendra donc jamais que la vie vaut bien plus qu'une guerre.
Je remercie, Huguette et François Pellissier, petit-fils de François Adrien Marin-Lamellet, qui au début de cet été 2023, ont effectué un pèlerinage sur les dernières traces de leurs ancêtres. Ce beau témoignage leur redonne vie sur les lieux où elle leur a été ôtée.
Cliquez sur les photos, de Huguette et François Pellissier, sauf mention spéciale, pour les agrandir.
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