Outre leur langue maternelle, les collégiens apprenaient
jadis une seule langue, le latin : moins une langue morte que le
stimulus artistique incomparable d’une langue entièrement filtrée par
une littérature. Ils apprennent aujourd’hui l’anglais, et ils
l’apprennent comme un esperanto qui a réussi, c’est-à-dire comme le
chemin le plus court et le plus commode de la communication triviale :
comme un ouvre-boîte, un passe-partout universel. Grand écart qui ne
peut pas être sans conséquence : il fait penser à la porte inventée
autrefois par Duchamp, qui n’ouvrait une pièce qu’en fermant l’autre.
Julien Gracq
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