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vendredi 11 novembre 2016
Le volontaire de l'étranger de 1914
Le monde entier disait : la France est en danger
Les
barbares demain, camperont dans ses plaines
Alors,
cet homme que nous nommions "l'étranger"
Issus
des monts latins ou des rives hellènes
Ou
des bords d'outre-mers, s'étant pris à songer
Au
sort qui menaçait les libertés humaines
Vint
à nous, et s'offrant d'un cœur libre et léger Dans
nos rangs s'élança sur les hordes germaines
Quatre ans, il a peiné, lutté, saigné, souffert !
Et puis un soir, il est tombé, dans cet enfer..
Qui
sait si l'inconnu qui dort sous l'arche immense
Mêlant sa gloire épique aux orgueils du passé
N'est
pas cet étranger devenu fils de France
Non
par le sang reçu mais par le sang versé.
(Pascal
BONETTI – 1920)
Edmond Vittet, 1916
Soldat,
Poilu, Edmond Vittet envoie à l’un ses amis un article sur les
poilus
Cher
Joseph article inédit : sentimental…Garde le souvenir
précieux des poilus. Ton ami qui te la serre. Edmond
Le
poilu, c’est celui que tout le monde admire, mais dont on s’écarte
lorsqu’on le voit monter dans un train, rentrer dans un café, dans
un restaurant, dans un magasin, de peur que ses brodequins amochent
les bottines, que ses effets maculent les vestons à la dernière
coupe, que ses gestes effleurent les robes cloches, que ses paroles
soient trop crues. C’est celui que les officiers d’administration
font saluer. C’est celui à qui l’on impose dans les hôpitaux
une discipline dont les embusqués sont exempts. Le poilu, c’est
celui dont personne à l’arrière ne connaît la vie véritable,
pas même les journalistes qui l’exaltent, pas même les députés
qui voyagent dans les quartiers généraux. Le poilu, c’est celui
qui va en permission quand les autres y sont allés, c’est celui
qui ne parle pas lorsqu’il revient pour huit jours dans sa famille
et son pays, trop occupé de les revoir, de les aimer ; c’est
celui qui ne profite pas de la guerre ; c’est celui qui écoute
tout, qui juge, qui dira beaucoup de choses après la guerre.Le
poilu c’est le fantassin, le fantassin qui va dans la tranchée.
Combien sont-ils les poilus sur le front ? Moins qu’on ne le
croit. Que souffrent-ils ? Beaucoup plus qu’on ne le croit.
Que fait-on pour eux ? Je sais on en parle, on les vante, on les
admire de loin. Les illustrés ou les clichés de leurs appareils
tentent de les faire passer à la postérité par le crayon de leurs
artistes. Les femmes malades tentent de flirter avec eux par
lettres. Mais lorsqu’ils sont au repos, les laisse-t-on se
reposer ? Ont-ils leurs journées pour les populariser comme en
ont eu le 75, l’aviation, le Drapeau belge, etc… ? A-t-on vu
expliquer dans la presse que le poilu, c’est encore le seul espoir
de la France, le seul qui garde ou prend les tranchées, malgré
l’artillerie, malgré la faim, malgré le souci, malgré
l’asphyxie…
Extrait
d’une prière à la Vierge Marie
O
Mère, veillez !
Sur la sentinelle avancée qui, dans la nuit froide et noire, veille sur nos armées..O Mère veillez !
Sur le soldat veillant dans la tranchée et que la mitraille arrose sans relâche…O Mère veillez !
Sur le pauvre blessé qui, tombé sur le champ de bataille, souffre et gémit dans la nuit glacée.. O Mère veillez !
Sur le brancardier qui relève les blessés et les morts, l’infirmier, l’infirmière et le médecin qui se dévouent sans trêve…O Mère veillez !Sur la veuve et l’orphelin en larmes ; la sœur qui pleure son frère, la mère qui a perdu son fils, et le petit enfant qui prie pour son père…O Mère veillez !
Sur la France dont le cœur saigne, qui veut le bonheur de ses enfants, et attend la victoire et la s d'un document publié par la Conférence des évêques de Frapaix…O Mère, veillez !
Sur la sentinelle avancée qui, dans la nuit froide et noire, veille sur nos armées..O Mère veillez !
Sur le soldat veillant dans la tranchée et que la mitraille arrose sans relâche…O Mère veillez !
Sur le pauvre blessé qui, tombé sur le champ de bataille, souffre et gémit dans la nuit glacée.. O Mère veillez !
Sur le brancardier qui relève les blessés et les morts, l’infirmier, l’infirmière et le médecin qui se dévouent sans trêve…O Mère veillez !Sur la veuve et l’orphelin en larmes ; la sœur qui pleure son frère, la mère qui a perdu son fils, et le petit enfant qui prie pour son père…O Mère veillez !
Sur la France dont le cœur saigne, qui veut le bonheur de ses enfants, et attend la victoire et la s d'un document publié par la Conférence des évêques de Frapaix…O Mère, veillez !
Lettres
de Gaston Biron à sa mère. Il meurt quelques jours après avoir été
blessé en septembre 1916
Samedi
25 mars 1916 (après Verdun) Ma chère mère, …Par quel
miracle suis-je sorti de cet enfer, je me demande encore bien des
fois s’il est vrai que je suis encore vivant ; pense donc,
nous sommes montés mille deux cents et nous sommes redescendus trois
cents ; pourquoi suis-je de ces trois cents qui ont eu la chance
de s’en tirer je n’en sais rien, pourtant j’aurais dû être
tué cent fois, et à chaque minute, pendant ces huit longs jours,
j’ai cru ma dernière heure arrivée. Nous étions tous montés
là-haut après avoir fait le sacrifice de notre vie, car nous ne
pensions pas qu’il fût possible de se tirer d’une pareille
fournaise. Oui, ma chère mère, nous avons beaucoup souffert et
personne ne pourra jamais savoir par quelles transes et quelles
souffrances horribles nous avons passé. A la souffrance morale de
croire à chaque instant la mort nous surprendre viennent s’ajouter
les souffrances physiques de longues nuits sans dormir : huit
jours sans boire et presque sans manger, huit jours à vivre au
milieu d’un charnier humain, couchant au milieu des cadavres,
marchant sur nos camarades tombés la veille ; ah ! j’ai
bien pensé à vous tous durant ces heures terribles, et ce fut ma
plus grande souffrance que l’idée de ne jamais vous revoir. Nous
avons tous bien vieilli, ma chère mère, et pour beaucoup, les
cheveux grisonnants seront la marque éternelle des souffrances
endurées ; et je suis de ceux-là. Plus de rires, plus de
gaieté au bataillon, nous portons dans notre cœur le deuil de tous
nos camarades tombés à Verdun du 5 au 12 mars. Est-ce un bonheur
pour moi d’en être réchappé ? Je l’ignore mais si je dois
tomber plus tard, il eût été préférable que je reste là-bas. Tu
as raison de prier pour moi, nous avons tous besoin que quelqu’un
prie pour nous, et moi-même bien souvent quand les obus tombaient
autour de moi, je murmurais les prières que j’ai apprises quand
j’étais tout petit, et tu peux croire que jamais prières ne
furent dites avec plus de ferveur. (…) Ton fils qui te chérit et
t’embrasse un million de fois. Gaston
Ces textes sont extraits d'un document publié par la Conférence des évêques de France.
Libellés :. Grande Guerre,11 novembre,1914-1918
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