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Le dernier parking
Atmosphère particulière sur le parking des mushers ce midi à Aussois. Dans deux heures, départ pour la dernière étape qui sacrera le vainqueur de cette 8è édition de La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc. La plupart des chiens sont attachés autour des camions à l’exception de ceux de l’Espagnol Salva Luke encore blottis au chaud dans leurs box afin de ne pas refroidir leurs muscles. A chacun sa méthode. Les vétos font le tour des concurrents pour faire un point sur l’état des chiens qui ont déjà 650 km dans les pattes. « Dans l’ensemble, ils sont en bon état, juste un peu fatigués » explique Aurélie Levieuge, une des 6 vétérinaires qui s’occupent des athlètes de la course. « Il y a bien quelques contractures mais c’est normal dans une telle épreuve, avec autant de dénivelée ». Sa collègue Charlotte ausculte un des chiens du Suédois Jimmy Petersson qui boitille. Avec beaucoup de douceur, elle replie la patte avant droite du chien, l’étire, la replie quand son patient manifeste une légère réprobation. « Il à l’air d’avoir une petite gêne de ce côté. On veut s’assurer qu’il ne court aucun danger à prendre le départ » explique la handleuse du seul rookie de la compétition, actuellement 5è au classement général. Jimmy hésite à compter l’animal dans son équipage. En cette étape ultime, l’erreur de casting pourrait être fatale. Les concurrents partent pour une trace de 80 km depuis Aussois jusqu’à la base polaire du col du Mont Cenis. Puis un bivouac et à 6h30, départ de la dernière manche. Ce second tronçon de 88 km jusqu’à l’arrivée, en fin de matinée à Val Cenis Lanslebourg, sera décisif pour tous les concurrents comme cela avait été le cas, l’an dernier pour le Tchèque Radek Havrda. Alors leader de l’épreuve, il s’était arrêté, la mort dans l’âme, à 20 km de l’arrivée car ses chiens étaient trop fatigués pour finir. Les attelages d’aujourd’hui doivent donc être suffisamment en forme pour tenir cette très longue distance et assurer l’allure nécessaire pour la défense de leur place au classement général. « Je préfère partir avec 8 chiens qui bossent que dix dont deux qui vont se laisser traîner par les autres » lance Jean Combazard en caressant Angelus. « Celui là il est formidable. Il en veut tout le temps. Il a fait toutes les étapes » poursuit le musher de Seine et Marne qui flatte son will (premier chien attelé au traîneau) de 7 ans. Et le chien piétine d’impatience. On sent un peu de nervosité autour de l’attelage de Jean-Philippe Pontier. Depuis hier, le musher est le premier Français à s’être offert une victoire d’étape qui lui a permis de conforter sa troisième place sur le podium. Priorité pour cette dernière tirée, à la défense de cette belle performance. « Je veux que mes chiens arrivent en forme, prennent du plaisir dans cette fin de course » assure le jeune musher du Tarn qui est parti, il y a deux ans, s’installer en Norvège pour mieux s’entraîner. Tarzan et Uno deux de ces plus beaux coursiers se font bichonner par les handleuses. Les deux pattes arrières dans les mains, Stéphanie, la femme du musher, étire doucement les longs membres d’Uno, un jeune alaskan huskie. Il se laisse faire en affichant comme un air satisfait. « Ils sont habitués et cela leur échauffe les muscles. On fait ces étirements avant le départ et à l’arrivée pour aider à la récupération ». Jean-Philippe Pontier a son sourire en coin, celui d’un musher heureux d’avoir engrangé une victoire, mais son tempérament ne le pousse pas à exprimer sa satisfaction. Avec son accent chantant d’homme du sud, il temporise sa belle performance. « On verra à l’arrivée ». Avec son calme habituel, Milos Gonda, le jeune slovaque 2è au classement général prépare avec minutie, la nourriture de ses chiens pour l’étape en bivouac au sommet du col du Mont Cenis. De la viande crue, des croquettes, du concentré réconfortant mixés dans une grande glacière, les quantités sont là. « C’est essentiel que l’organisme des chiens soit convenablement nourri quand il court. Il n’est pas question de lésiner la dessus » explique le vainqueur de l’an dernier qui porte un soin exemplaire à ses chiens. « De toute façon, Radek a trop d’avance sur moi. Je ne peux pas le rattraper, alors je ne vais pas chercher à gagner quelques kilos sur la nourriture. J’emporte largement, même si c’est un peu trop ». Pour cette dernière étape, le leader tchèque, Radek Havrda a mis toutes les chances de son côté et part avec 10 chiens ce qu’il n’avait pas fait depuis plusieurs étapes. Il aligne donc un attelage plus frais que les autres concurrents, tel Jean-Philippe Pontier qui repart aujourd’hui avec le même équipage victorieux de la veille. Demain, le verdict tombera. Mais jusqu’au dernier moment, la course peut révéler des surprises.
Contrôles antidopage inopinés
Alors que l’attelage de l’Espagnol Salva Luque qui vient de franchir le premier la ligne d’arrivée, déboule dans le parking mushers, les chiens encore écumant de l’étape du jour , un couple que personne ne connait s’affaire d’un camion à l’autre, elle, une épuisette à urine en bout de canne et lui des questionnaires à la main. Ils se précipitent sur la petite troupe ibérique, un lecteur de transpondeur électronique (puce) au bout du bras. Ce sont les deux envoyés spéciaux de l’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD) qui doivent procéder à un maximum de contrôles. « Nous ne pouvons matériellement pas contrôler tous les attelages » reconnait le vétérinaire délégué par l’Agence. « On procède au hasard. On est obligé de faire des contrôles aléatoires » explique le praticien en courant après un chien du Tchèque Miloslav Mikolasek pour relever sa puce d’identification. Finalement, face à la difficulté de calmer les chiens encore tout à leur course de 59 km, le délégué cherche une autre meute. C’est au tour des chiens de Jean Combazard d’être dans le collimateur. « Ca rate jamais, je suis tout le temps contrôlé » lance en riant, le musher de Seine et Marne.
Ce type de contrôle est systématique sur les grandes courses, même si les cas de dopage repérés sont rarissimes aux dires des spécialistes de ce sport. « C’est une excellente chose que l’AFLD se déplace sur notre course. C’est un gage de sérieux et d’éthique » se félicite Dominique Grandjean, directeur de course et lui-même acteur décisif dans la lutte anti dopage dans le mushing en tant que professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Maison Alfort.
Et pendant que le parking se remplit de tous les chiens de la course, l’équipe de l’agence tente de récupérer l’urine d’un huskie qui s’arrête immédiatement lorsque l’épuisette est à bonne hauteur. Mauvaise pioche. Avec patience la vétérinaire repart à la recherche de quelques gouttes pour faire des analyses. « Impossible de demander à un chien comme on le fait pour les hommes, de faire pipi sur commande » dit en riant un véto du team de La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc. Le prélèvement d’une pipette de sang est plus facile. L’ensemble de ces échantillons doit permettre de repérer d’éventuelles traces d’anti inflammatoires, d’anabolisants, de produits diurétiques, des amphétamines et autres antidouleurs. « On ne leur donne rien car tout est interdit » note Isabelle Travadon, la seule musheuse engagée dans l’épreuve. Ces chiens sont calmes et facilitent la tâche des représentants de l’Agence qui sont néanmoins revenus le lendemain pour compléter leurs questionnaires.
Patricia-M. Colmant
La griserie du « mass start »
Sur la large plaine de Bessans, les chiens alignés comme à la parade, attendent dans une excitation indescriptible, le coup de sifflet du départ. Sous un soleil éblouissant, les 13 attelages de La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc sont arrivés, un à un, du parking musher vers l’aire de départ qui a été aménagée en un vaste terrain strié d’allées, de chacune 2m de large. Elles sont matérialisées sur environ 200 m, par deux bordures de neige. Une façon de canaliser les attelages que ce « mass start » déchaînent au plus haut point. Ensuite l’espace est plane et chacun navigue à sa guise sur 500 m avant de passer sous l’arche de Bessans qui ouvre la voie à la trace de 80 km qui attend les mushers de La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc pour cette 8è étape. Les concurrents du Trophée Haute Maurienne Vanoise sont aussi partis en « mass start » mais ne couvrent que 52 km jusqu’à Bramans.
Les minutes avant ce départ groupé sont une source de stress pour tous. Il ne faudrait surtout pas que des chiens sautent le muret de neige pour aller faire la nique aux voisins. Ce serait le méli-mélo assuré. Et si les handlers sont là pour veiller à ce que chacun reste dans son allée, dans cette fébrilité générale, la tâche n’est pas facile. « Pour nous c’est une pression énorme » ne cache pas Jean-Philippe Pontier, actuellement 3è au classement général. Certains chiens sautent comme sur ressorts, d’autres aboient frénétiquement. Les têtes virevoltent de tous côtés. Certains mushers sont obligés de s’accroupir près d’un de ses athlètes à poil pour le rassurer. Rares sont ceux qui restent calmes dans cette exaltation ambiante. Chaque année, à Bessans, ce départ groupé suscite l’enthousiasme des chiens, du public, et d’une partie des mushers. « J’aime ces départs groupés parce que mes chiens aiment cela. Ca les grise de voir leurs copains de chaque côté » explique Isabelle Travadon. « Mais il faut faire attention, car ils veulent partir à fond alors que les muscles ne sont pas encore chaud ». Une crainte largement partagée : « on veut être le premier au rétrécissement et c’est la meilleure manière de « griller » les chiens » commente Milos Gonda, actuel deuxième au classement général et qui assure ne pas vouloir « forcer au départ ». « Faut faire gaffe à pas fusiller les chiens » renchérit de son côté Jack Gaspard tout en se félicitant « de la beauté du spectacle ». Des craintes que ne partageait sûrement pas l’Espagnol Salva Luque qui a couvert, cet après midi, les 700 m en 44’’passant sous l’arche de Bessans à très vive allure. Mais il était suivi à quelques longueurs, par Isabelle Travadon qui avait manifestement laissé la griserie opérer sur ses chiens…
Patricia-M. Colmant
Effervescence à Val Cenis Lanslebourg
Hier soir un ruban de feu serpentait le versant de La Ramasse, l’ensemble des moniteurs de skis de Haute Maurienne Vanoise s’étant rassemblé pour une superbe descente aux flambeaux jusqu’au pied de l’Office du tourisme de Val Cenis Vanoise qui accueille la dernière manche de La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc. Pour cette vallée historique, berceau de la Maison de Savoie, c’est la 8è fois qu’elle s’anime autour de ce qui est désormais la plus grande course internationale de mushing long distance. Les 13 attelages encore en course sont arrivés hier soir en provenance des Saisies, au cœur de l’Espace Diamant en Haute Savoie, pour s’apprêter à prendre le départ de la 7é étape, à 16h30, aux côtés d’une dizaine de mushers venus participer au Trophée Haute Maurienne Vanoise.
Feux d’artifice, fanfare, animations de rue, la Communauté de Communes qui réunit sept villages authentiques de montagne ( Bramans, Sollières-Sardières, Termignon la Vanoise, Val Cenis Lanslebourg, Val Cenis-Lanslevillard, Bessans, Bonneval sur Arc) et Aussois offrent à l’épreuve et à son public une animation de plus en plus chaleureuse. Son secret : les 80 bénévoles qui sont mobilisés sur les cinq jours de course. Accueil, restauration, logistique, sécurité, aucun aspect de La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc ne leur échappe. « Il y a tellement de boulot que l’on a accepté des volontaires qui ne sont pas de la région mais qui avaient envie de donner un coup de main » explique Cécile Felter, chargée de mission évènements de la communauté. Des aides venues de Paris comme le couple Lacoste ou Jean Marc Fettu, ou de Lyon comme Guy Debesson, car une grande partie des 250 bénévoles inscrits sur le fichier de la Communauté de communes est mobilisée par l’IBU Cup, une course internationale de biathlon qui réunit les équipes nationales B de 34 nations et se déroule ce week end à Bessans. « Chaque année, une grande partie des bénévoles de la vallée s’occupe de l’IBU Cup » explique Sylvie Henry, de Termignon, une fidèle de La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc depuis des années. « Pour nous ce rendez-vous annuel est devenu incontournable. On s’est fait des amis, comme Françoise que j’accueille chez moi durant la course et on est heureuses de se retrouver tous les ans à cette occasion ».
Le départ cet après midi au cœur du village, après un enneigement complet de la rue principale est toujours un moment très attendu car les attelages s’élancent à toute vitesse, au coup de canon donné cette année par l’humoriste Laurent Gerra, un enfant du pays, pour offrir une prestation très spectaculaire, avant de s’évanouir dans les grands espaces de la vallée. Cette étape les conduira jusqu’à la base polaire, installée par les chasseurs alpins du Groupement d’Aguerrissement en Montagne, au col du Mont Cenis. Des constructions traditionnelles depuis la première édition de l’épreuve qui, cette année, bénéficient d’un enneigement exceptionnel. Pas loin de 3 m de neige se sont accumulés ces derniers jours offrant une qualité de piste idéale pour les chiens. Cependant, les quantités sont telles sur certaines portions du parcours, que la direction de course a décidé de supprimer la boucle du Petit Mont Cenis où les accumulations de neige atteignent jusqu’à 14 m de haut.
Patricia-M. Colmant
Montagnes russes JT6 - LGOnews 2012 - 12 janvier par grandeodyssee
Sur une course comme La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc il est une règle absolue : « ne pas allumer dans les descentes » selon le mot de Jean Combazard, le musher de Seine et Marne, fidèle à l’épreuve pour la quatrième année avec sa meute de huskies. « Je descends toujours tout doucement pour ménager les épaules de mes chiens ». Car si l’effort est plus grand en montée, les risques de traumatismes sont plus sérieux dans la descente. « C’est exactement comme nous quand on fait de la randonnée en montagne, en descente on a tendance à retenir et donc les genoux travaillent dur » explique Aurélie Levieuge, membre de l’équipe de vétérinaires. « Pour les chiens, ce sont les biceps brachiaux et la ceinture scapulaire qui sont sollicitées » poursuit le jeune spécialiste des chiens sportifs. Autrement dit, les épaules et la clavicule assurent l’amorti. « Il faut ménager l’ossature des chiens » insiste Isabelle Travadon, la seule musheuse engagée qui en est à sa cinquième édition. « Les huskies sont des chiens habitués à trottiner plus qu’à courir. Ils sont plus fragiles que les alaskans, issus de chiens de chasse qui sont des chiens courants » poursuit cette passionnée de chiens de traineau.
L’étape de ce jour entre Les Saisies et Notre Dame de Bellecombe longue de 53 km, affiche, contrairement aux autres étapes, une dénivelée négative de 2900 m, supérieure à celle accumulée en montée (2600 m). La manière dont les mushers doivent gérer la course est donc légèrement différente de celle des étapes où les ascensions cumulées sont supérieures aux descentes.
En cas de belle vitesse, les mushers ont à leur disposition, pour calmer le jeu, trois équipements clé sur leur traineau : le frein métallique, le tapis clouté et les chaînes. A l’arrière du traîneau, il y a une sorte de mâchoire sur laquelle le musher pose un pied avec plus ou moins de pression pour l’enfoncer dans la neige et ralentir l’attelage. Si cela ne suffit pas, il rabat le petit tapis de caoutchouc, doté de petites pointes, entre les deux patins et en cas de descente très raide, voire d’emballement du traîneau, le musher peut lâcher les chaînes. Il s’agit de deux petits morceaux de chaînes métalliques enroulés autour des patins, à l’avant et maintenus en l’air par un système d’élastique avec un retour sur la barre du traîneau. D’un doigt, le musher peut relâcher la tension en cas d’urgence et les chaînes viennent se bloquer sous les patins. Un système très efficace et très simple, mis au point pour La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc qui est la course la plus accidentée au monde, en termes de terrain. Dernière botte secrète : « en cas de cata on peut toujours attraper le frein à main (NDLR : sorte d’ancre en forme de gros sabot avec deux griffes que le musher peut planter dans la neige) » conclut en riant Daniel Juillaguet, seul musher a avoir fait toutes les éditions.
Jack Gaspard, lui aussi fidèle de l’épreuve, se méfie comme de la peste des descentes, même s’il admet que « cela repose un peu les chiens ». L’an dernier, sur l’étape vers Champéry ( Suisse), le seul musher casqué de la course a laissé son traîneau prendre de la vitesse, et dans un virage a doublé ses chiens. « J’ai perdu le contrôle et roulé sur un de mes chiens, Kéops qui sous le choc s’est évanoui. Son collier l’étranglait et je n’ai eu que le temps de sortir mon couteau pour couper la sangle d’attelage » raconte cet homme du Vercors qui aime tant ces longues courses.
Une course dans la course
Des mushers en herbe
L’air concentré, le regard à la fois ému et anxieux , les joues rouges et l’excitation communicative des chiens, 18 jeunes mushers en herbe ont pris ce matin le départ de l’Odyssée des enfants à Praz de Lys-Sommand. Ces élèves de 3è du collège Jacques Brel de Taninges, dont certains inscrits dans la section ski-étude, ont eu la possibilité de découvrir la pratique du mushing à l’occasion du passage de La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc au cœur du Grand Massif.
Sur une boucle de 5 km, les attelages de ces collégiens de 14 à 15 ans ont découvert l’émotion de la compétition et la rigueur de la conduite de trois chiens, même bien entraînés. En tout cas plus que ces jeunes mushers qui ont pris un traineau en mains, pour la première fois, la semaine dernière. « On a eu une petite formation mercredi et jeudi dernier, en pleine tempête » explique Margaux. « C’était pas facile mais c’était vraiment bien de sentir les chiens contents de tirer ». « La grande descente c’était super et dans la montée j’ai aidé les chiens en poussant le traîneau » explique Léo qui s’est offert le luxe de doubler les deux attelages partis avant lui. Cette initiation a été montée en partenariat avec l’Ecole Française de Mushing qui a fourni la plupart des chiens. Elle s’inscrit dans le cadre d’une action mise en place en début d’année par le collège pour aider les élèves à découvrir des métiers notamment de ceux du milieu de la montagne. Départ comme les pro avec musique et encouragements, animateur sous l’arche gonflable, même public et trace identique puisqu’il s’agit des cinq premiers kilomètres de l’étape des mushers concurrents de la Grande Odyssée Savoie Mont-blanc, les enfants ont donc pu se mettre, durant une quinzaine de minutes pour le plus rapide, dans la peau d’un vrai musher.
Patricia-M. Colmant
Les attelages au cirque
C’est l’histoire d’une course qui emmène ses chiens au cirque. Le trajet de La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc a de nouveau proposé un parcours hors norme aux 14 mushers inscrits à ce qui est désormais considérée comme la course de chiens de traineau la plus difficile. Elle n’a pas failli à sa réputation, les concurrents ayant à couvrir une trace de 72 km avec 3700 m de dénivelée positive et 3300 m de dénivelée négative. Et quel trajet. Partis de Samoëns, au milieu de la vallée du Haut Giffre, les attelages ont longé ce ruisseau parfois tumultueux, qui serpente au pied des versants très enneigés. Un peu de sous bois, un peu de plaine, quelques ponts sur une dizaine de kilomètres avant d’arriver au Cirque du Fer à Cheval. Un site époustouflant. La vallée se rétrécit après le village de Sixt Fer à Cheval, puis butte à 4 km sur des falaises calcaires en arc de cercle. Ces parois escarpées culminent à 2000 m. Cette réserve naturelle est d’une beauté à couper le souffle. Mais les mushers qui font une boucle au pied de cette grande muraille sous la Corne du chamois, ont à peine le temps de jeter un œil autour d’eux. Pressés par le chrono, ils n’ont pas loisir d’apprécier cet amphithéâtre majestueux dont les multiples cascades de glace s’éclairent sous le soleil de cette belle matinée. Seuls les derniers peuvent profiter de ces splendeurs. Les plus rapides des mushers attaquent déjà le pays des cascades. Au programme, une montée de 11 kilomètres sur l’une des plus longues pistes de ski d’Europe, pour arriver à la Tête Pelouse. « C’est magnifique mais physique » commente Isabelle Travadon tandis que non sans humour, Jean Combazard note que s’il avait la forme de ses chiens, il serait « arrivé depuis longtemps ». Cette longue et régulière montée affiche une dénivelée positive de 1400 m qui a « enchanté » le rooky de la course, le jeune suèdois Jimmy Petersson. Et c’est le jeune tchèque Jiri Vondrak qui s’est adjugé le maillot à pois du meilleur grimpeur en 1h 1’ 34’’.
Les concurrents ont ensuite retrouvé une partie des traces d’hier dont le col de Pierre Carrée et la Tête du Pré des Saix avant de redescendre sur le lac d’Airon et Praz Roti par les pistes de ski alpin plus civilisées que le cadre très sauvage de la longue traversée jusqu’à Mottal. Pour terminer l’espace nordique d’Agy et la descente vers la station de Morillon les Esserts.
Patricia-M. Colmant
Des cœurs sous surveillance
Fanta est un peu crispée mais docile. Elle prend un air de circonstance, classique chez un chien lorsqu’un véto l’ausculte. Trois petites électrodes sont posées sur un bout de peau pas facile à atteindre à travers son pelage touffu de husky sibérien. Vassiliki Gouni, qui travaille à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Maison Alfort en Unité de cardiologie avec le professeur Valérie Chetboul, glisse sa sonde échographique sur le thorax du chien. Sur un écran, on voit l’organe, dont les battements résonnent dans la petite salle qui sert de clinique de fortune. Le moniteur montre la régularité du rythme cardiaque et des graphiques fluctuants s’affichent à intervalles réguliers. Il est 23h et l’équipe vétérinaire de La Grande Odyssée Savoie Mont- Blanc ausculte sont 49é chiens inscrits dans la course. Toute la journée, la jeune véto a passé en revue des alaskans husky et des husky sibériens dans le cadre d’un protocole mis au point entre l’unité cardio et l’unité de médecine de l’élevage et du sport sous la houlette de Dominique Grandjean, directeur de la course. L’objectif : faire de la prévention. « Nous voulons explorer les réactions cardiaques à l’effort en altitude afin de trouver un moyen de dépister d’éventuels problèmes et mettre au point un marqueur biologique pour détecter l’arrivée de problèmes inflammatoires » explique le professeur de Maison Alfort. Cette démarche est une première mondiale dans le monde du mushing et faire des analyses sur un si grand nombre de chiens engagés dans une épreuve sportive est unique. Une façon de confirmer que La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc est de plus en plus une course de référence à tous les points de vue.
Avec une grande patience et une grande douceur, la jeune femme vétérinaire a donc engrangé hier, toute une série de paramètres inspirés de ceux qui sont déjà utilisés chez les sportifs de haut niveau. « Le cœur des chiens est très différents de celui des hommes mais les recherches peuvent s’inspirer de ce qui est fait chez les athlètes » explique Vassiliki Gouni qui précise que « certains paramètres ont d’ores et déjà été validés chez les chiens ordinaires, lors d’études cliniques ». Cette première recherche se concentre sur trois attelages, sans exclure les autres participants qui souhaiteraient que leurs chiens soient testés dans ces mêmes conditions. En outre, l’équipe vétérinaire de la course, dirigée par la jeune Delphine Clero se propose de faire passer cette échographie cardiaque à tous les chiens qui auront été sortis en cours d’étape ( droppés selon l’expression des mushers) pour des raisons d’essoufflement.
A l’arrivée à Valcenis Lanslebourg, une nouvelle auscultation sera effectuée sur chaque chien afin de recueillir les nouveaux paramètres, post-effort. Il faudra de longues heures de travail, à l’équipe cardio de Maison Alfort, pour analyser et tirer les premières conclusions de cette recherche très novatrice.
Patricia-M. Colmant
Grande Odyssée 2012 JT1 - 7 janvier par grandeodyssee
Les deux petits « Lacs aux Dames » du village de Samoëns, qui d’habitude sommeillent paisiblement sous la neige, connaissent une effervescence exceptionnelle. Dans la nuit, les équipes de damage des pistes ont travaillé les 30 cm de neige fraîche tombée la veille. « On était à pied d’œuvre à 3 h du matin pour que le tracé damé bénéficie d’une croute de regel avant d’être piétiné » explique Patrice Gain, le directeur du Syndicat de la Vallée du Haut Giffre. Puis, dès 7 h, ce sont les équipes de la Grande Odyssée Savoie Mont Blanc qui ont investi le rivage des lacs pour installer l’infrastructure de la plus grande course internationale de chiens de traineau qui va s’élancer ce week-end dans le Grand Massif. Barrières, calicots, arches gonflables, sono, tobblos, oriflammes , podium, bûches finlandaises balisent la piste du prologue et encadreront à partir de 18h ce soir, la présentation au public de l’ensemble des 15 mushers et leurs 250 chiens inscrits à l’épreuve. Un petit village façon marché de Noël avec les sucettes à la cire d’érable du québecois Vincent Turcotte, les vins et chocolats chauds des associations septimontaines, des démonstrations de ski joering, de chiens de traineau pour les petits, sculptures sur glace, tire sur neige et découverte du matériel de ski nordique pour handicapés, les animations au programme sont nombreuses. Avec en clôture un grand feu d’artifice qui illuminera l’ensemble du domaine du Haut Giffre et sa montagne du Criou .
C’est la première année que ce village de 2000 habitants accueille la Grande Odyssée Savoie Mont Blanc. « Un tel évènement d’audience internationale doit nous apporter de la notoriété et propose une animation d’une qualité exceptionnelle à nos vacanciers » se félicite le maire de Samoens, Jean-Jacques Grandcollot. Situé à 60 km de Genève et de Chamonix, 70 km d’Annecy, Samoëns est un village de montagne niché à 720 m au cœur d’une vallée à fond plat avant d’être une station. Ses demeures de pierre qui remontent au Moyen-âge illustrent le savant travail des tailleurs de pierre, une profession traditionnelle à la région encore aujourd’hui recherchée. Ici les seuls chalets en bois sont des belles grosses fermes savoyardes qui abritent encore des agriculteurs actifs. Mais ce week-end ce sont les passionnés de sport de neige qui sont à l’honneur.
Les mushers, arrivés au fil de la matinée autour du Lac des Dames, ont installés leurs chiens au pied de leur camion en attendant l’arrivée de l’escouade de jeunes vétérinaires qui doit contrôler si les attelages ont bien supporté le voyage et sont en forme pour l’épreuve. Certains comme Jean-Philippe Pontier et Jimmy Pettersson arrivent de Scandinavie, soit 4 à 5 jours de voyage. Leurs athlètes à poil ont hâte de se dégourdir les pattes.
Patricia-M. Colmant
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