Le noyé, par Lucien Jacques.
À ceux de mon escouade
Le noyé qui gît là dans l’herbe de la berge,
n’ayant plus rien d’humain qu’une main non rongée
où luit un anneau d’or,
poussé du pied par vous avec haine et dégoût
ainsi que la charogne d’une bête mauvaise,
parce qu’il est vêtu d’un dolman ennemi
était pourtant un homme–un homme–un tout jeune homme
nourri d’air, de soleil, d’amour, tout comme vous.
Peut-être que chez lui vivait sa douce mère,
sûrement son épouse, peut-être des enfants!
n’ayant plus rien d’humain qu’une main non rongée
où luit un anneau d’or,
poussé du pied par vous avec haine et dégoût
ainsi que la charogne d’une bête mauvaise,
parce qu’il est vêtu d’un dolman ennemi
était pourtant un homme–un homme–un tout jeune homme
nourri d’air, de soleil, d’amour, tout comme vous.
Peut-être que chez lui vivait sa douce mère,
sûrement son épouse, peut-être des enfants!
Songez, quelle agonie angoissée loin des siens
il dut avoir, blessé, dans l’ombre de la nuit
et l’eau froide et profonde.
il dut avoir, blessé, dans l’ombre de la nuit
et l’eau froide et profonde.
Qu’une pensée humaine au moins soit son linceul.
Poème écrit en 1914. Publié dans La Pâque dans la grange, 1924.
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